Au cinéma cette semaine : " War Pony ", " Le Principal ", " Fairytale ", " Le Cours de la vie "…

May 10, 2023
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LA LISTE DE LA MATINALE

« Fairytale », film d’animation russe d’Alexandre Sokourov. SOKUROV FUND/LES FILMS DE L’ATALANTE

Dans les salles obscures cette semaine, les occasions se multiplient de faire un bout de chemin avec divers personnages, entre errances, quêtes et déambulations. Dans War Pony, de jeunes Lakota tournent en rond dans la réserve indienne de Pine Ride, où une pauvreté endémique empêche toute forme d’échappée. Dans Le Principal, un pédagogue dégringole dès lors qu’il se met à bidouiller les résultats de ses élèves. Enfin, La Fille d’Albino Rodrigue accompagne l’enquête personnelle que mène, par monts et par vaux, une adolescente inquiète de l’évaporation de son père.

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« War Pony » : contes cruels de la réserve

Dans le cinéma américain, la représentation des populations indigènes a connu bien des errements et des affronts. Peu de films se sont penchés sur les conditions de vie modernes des autochtones. Il faut aller les chercher du côté d’aventures indépendantes, comme c’est le cas aujourd’hui avec War Pony, réalisé à quatre mains par les productrices et actrices Gina Gammell et Riley Keough.

Le récit, dense, entremêle les parcours de deux personnages, sans autre rapport que le territoire qu’ils partagent : la réserve de Pine Ridge, dans le Dakota du Sud. D’un côté, Bill, gouape affable, la casquette vissée sur le crâne, sillonnant le secteur, rap à fond, au volant de sa voiture. De l’autre, Matho, un gamin de 12 ans, qui, avec sa bande de copains imitant les grands, traficote maladroitement.

De la réserve, il est dressé le tableau brut d’un espace dévasté, à l’abandon, où les populations de natives subissent encore la ribambelle de maux endémiques qui accompagnent le chômage. Point de misérabilisme ni de sensationnalisme : la caméra n’est jamais braquée sur le pire, mais s’y faufile en enveloppant ses personnages de son attention. Ma. Mt

Film américain de Gina Gammell et Riley Keough. Avec Jojo Bapteise Whiting, LaDainian Crazy Thunder, Wilma Colhof, Stanley Good Voice Elk, Sprague Hollander (1 h 54).

« Fairytale » : les marionnettes de l’histoire

Au rayon du déboulonnage des « grands hommes », Fairytale, film d’animation d’Alexandre Sokourov, sort l’arme lourde : voici un pamphlet sur la barbarie du XXe siècle, cinglant jusque dans sa froideur. Le cinéaste russe, né en 1951, disciple de Tarkovski, ne nous avait pas habitués à un tel mordant, même si son ample filmographie, dont le joyau L’Arche russe (2002), questionne de longue date le pouvoir et ses dérives.

Dans ce nouveau film, Sokourov fait se rencontrer Hitler, Mussolini, Staline et Churchill au purgatoire, lieu austère et pesant. Le réalisateur a opté pour une esthétique réaliste, en puisant dans des images d’archives de la seconde guerre mondiale : les quatre dirigeants sont incrustés comme si leurs silhouettes avaient été « découpées », puis réintégrées dans le décor sombre et fantastique du film, évocateur des gravures et dessins de Piranèse.

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Source: Le Monde