" Ryanair, plus que ses concurrents, a balayé les illusions d’un “monde d’après” pandémie plus sobre "

May 10, 2023
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Ryanair et Boeing, c’est une histoire d’amour et d’intérêts bien compris qui dure depuis plus de trente ans. Une sorte de mariage, avec ses hauts et ses bas. Michael O’Leary, le turbulent patron de la compagnie aérienne à bas coûts, et le PDG du géant de Chicago, David Calhoun, poursuivent leur aventure.

Après des mois difficiles, où le premier reprochait au second des retards de livraison et des prix trop élevés, les deux hommes se sont entendus sur des « rabais compétitifs », selon M. O’Leary : Ryanair a annoncé, mardi 9 mai, une commande 300 moyen-courriers 737 MAX 10, dont la moitié en option que la compagnie irlandaise transforme toujours en achats. Soit la plus grosse de son histoire pour un montant de 40 milliards de dollars (36,5 milliards d’euros) au prix catalogue, qui bénéficiera aussi au motoriste CFM International, la coentreprise General Electric-Safran.

Cette énorme commande, après celle d’Air India pour plus de 450 appareils à Boeing et Airbus mi-février, illustre la confiance retrouvée des compagnies aériennes, sorties du périlleux trou d’air du Covid-19 qui a duré de mars 2020 à l’été 2022. Première compagnie européenne, Ryanair a transporté 168 millions de passagers sur son exercice 2022-2023, 19 millions de plus qu’en 2019. Elle se sent à nouveau pousser des ailes et vise 300 millions dans dix ans. Que reste-t-il de la petite compagnie qui avait enregistré 2,5 millions de clients en 1995, au début de sa formidable ascension dans le ciel européen à coups de tarifs imbattables ?

Un moins-disant social légendaire

Malgré l’urgence climatique, le groupe de Dublin a, plus que ses concurrents, balayé les illusions d’un « monde d’après » pandémie plus sobre. Avant même la crise sanitaire mondiale, à la tête du lobby Airlines for Europe (A4E) regroupant de grands transporteurs historiques ou low cost, M. O’Leary s’était déjà opposé à la taxe sur le kérosène inscrite dans le Green Deal de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

A peine plus mesuré aujourd’hui, il avance un argument : à partir de 2027 et après leur certification, ses 737 MAX 10 embarqueront 39 voyageurs de plus (+ 21 %) que les 737 NG, consommeront 20 % de moins et feront moitié moins de bruit. Le taux de remplissage très élevé des avions de Ryanair réduit aussi l’empreinte carbone par passager.

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Mais les économies sur le kérosène freineront l’inévitable augmentation du prix des billets et attireront plus de clients. Une politique de développement forcenée − assise sur un moins-disant social légendaire et de généreuses subventions des régions européennes desservies − qui est programmée et assumée par M. O’Leray, dont l’objectif est d’atteindre 30 % du marché sur le Vieux Continent. L’homme aux déclarations fracassantes destinées à faire le buzz s’était illustré, il y a des années, en affirmant que la responsabilité de l’homme dans le réchauffement climatique, « ce ne sont que des conneries ». Le « flight shame », la honte de voler, la low cost irlandaise ne connaît pas.

Source: Le Monde