l'Église lance une carte d'identité numérique pour s'assurer que les prêtres sont aptes à célébrer

May 10, 2023
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Confrontée à des affaires de violences sexuelles, l'Église de France numérise d'ici la fin de l'année les documents d'identité professionnelle des évêques, des prêtres et des diacres, pour les empêcher de célébrer en cas de sanction.

"Il suffit de flasher ce QR code. On arrive sur une page internet et, tout de suite, on aura la couleur verte qui dira que ce prêtre peut célébrer", indique l'évêque de Troyes Alexandre Joly, porte-parole de la Conférence des évêques de France (CEF). Il tient dans sa main une carte plastifiée sur laquelle on retrouve sa photo et un QR Code. En la scannant, si la carte est orange, les pouvoirs du prêtre sont limités à cause de son inexpérience ou d'une sanction, et si c'est rouge, "il ne peut pas du tout célébrer, quoiqu'il se passe".

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Les documents d'identité, appelés celebrets, de chaque évêque, prêtre et diacre, seront numérisés d'ici la fin de l'année, cela représente 17 000 personnes en France. La mesure avait été votée par les évêques lors de leur assemblée plénière de novembre 2021, après la publication du rapport Sauvé qui a révélé l'ampleur de la pédocriminalité dans l'Église catholique. Ce système généralisé va permettre de mieux suivre les hommes d'Église et de vérifier à tout moment s'ils ont toujours le droit d'exercer.

Une carte mise à jour chaque année

Mais les fidèles ne pourront pas demander à voir le celebret. "C'est destiné aux prêtres de paroisse, à un sacristain, à un intendant de cathédrale ou un recteur de sanctuaire", explique Mgr. Alexandre Joly. Les informations seront mises à jour une fois par an, et immédiatement en cas de faute grave.

Ambroise Laurent, secrétaire général adjoint de la Conférence des évêques de France. (SIMON CARDONA / RADIO FRANCE)

L'objectif est de mieux suivre les hommes d'Église, "parce que quand les prêtres ont des vacances, ils vont célébrer dans les lieux de vacances, ils accompagnent des pèlerinages et encadrent des groupes de jeunes", souligne Ambroise Laurent, secrétaire général adjoint de la CEF. Il s'agit également de généraliser la carte d'identification, ce qui est déjà le cas dans d'autres pays.

"On aurait souhaité la diffusion d'un fichier"

Ce nouveau système numérique ne convainc pas Olivier Savignac, co-fondateur de Parler et revivre, une association qui recueille la parole de victimes de violences sexuelles. "L'Église catholique en France est très vieillissante, il y a beaucoup de personnes d'un certain âge qui encadrent des cérémonies religieuses. Est-ce qu'elles ont la compétence et la formation ? Parce qu'il faut flasher un QR code, c'est assez technique."

"Certes, il y a des codes couleurs, mais finalement on ne sait pas ce qu'il y a derrière." Olivier Savignac, co-fondateur de l'association Parler et revivre à franceinfo

Olivier Savignac aurait voulu encore plus de transparence. "On peut se poser la question si ce n'est pas encore une forme d'entre-soi. On aurait souhaité carrément la diffusion d'un fichier, notamment à propos des abuseurs, des agresseurs, comme c'est le cas aux États-Unis, où il y a une liste qui est consultable au niveau des diocèses et de manière publique. En France, ce n'est pas le cas".

Source: franceinfo