On a testé… le Fairbuds XL, l’étonnant casque audio de Fairphone
Dans sa livrée verte, le Fairbuds XL a une vraie personnalité. La marque propose également un coloris noir, plus passe-partout. NICOLAS SIX / LE MONDE
Pour en finir avec les casques jetables, qui cassent trop vite et qu’on n’arrive pas à changer, l’entreprise néerlandaise Fairphone lance un modèle réparable : presque toutes ses pièces sont remplaçables facilement. Commercialisé le 11 mai, ce Fairbuds XL se distingue par son approche écologique, mais aussi par son allure originale dans sa livrée verte. A 250 euros, le tarif n’est pas excessif pour un casque à réduction de bruit active.
La conception de ce type de casque étant délicate, une petite marque comme Fairphone peut-elle décemment inquiéter les ténors du secteur dès sa première tentative ? Cela se pourrait bien. Le Fairbuds XL nous a paru étonnamment abouti, à commencer par sa qualité audio : sa précision sonore est bonne, le son est ample, très présent, les basses ne sont pas timides. Sur ce plan, le Fairbuds XL est assez proche de ses concurrents directs, les meilleurs casques moyen de gamme.
Ainsi replié, le casque se glisse plus aisément dans un sac. Le cuir synthétique qui recouvre ses écouteurs et son arceau sont remplaçables. NICOLAS SIX / LE MONDE
Bien sûr, quand on compare le casque à de coûteux modèles haut de gamme siglés Sony ou Apple, les voix manquent de naturel, les aigus de précision, les basses sont moins profondes, les rythmes sont restitués avec moins d’enthousiasme. Mais seuls les utilisateurs exigeants le remarqueront au premier coup d’oreille.
Un son personnalisable
A travers une application pour smartphone, on peut modifier le rendu sonore : plus neutre, plus brillant ou plus chaud – ce dernier réglage permettant d’adoucir des aigus peut-être un peu agressifs pour certains. Ces possibilités de personnalisation répondent adroitement à un problème que d’autres marques négligent : les goûts personnels en matière sonore varient beaucoup. La solution mise en œuvre par Fairphone s’avère particulièrement simple et ergonomique. La réduction du bruit est également efficace, même si elle isole un peu moins des nuisances sonores que les meilleurs casques haut de gamme.
Les écouteurs couvrent les oreilles sans les toucher, évitant qu’elles souffrent d’une utilisation prolongée. NICOLAS SIX / LE MONDE
On a beau chercher, on peine à trouver la faille dans la conception de ce Fairbuds. Sa batterie est raisonnablement endurante : elle a tenu plus de vingt-cinq heures durant nos tests. Les écouteurs sont plutôt confortables, même s’ils enserrent assez fortement le crâne. Ils pèsent également plus lourd que celles d’autres modèles de casque, comme les Sony haut de gamme par exemple. Lors d’une conversation téléphonique, le microphone intégré permet d’être entendu de façon intelligible à condition de parler dans une pièce calme, comme souvent avec ce type de casque.
Le Fairbuds XL peut être connecté à deux appareils à la fois, en Bluetooth, ce qui s’avère pratique lorsqu’on jongle entre un smartphone et un ordinateur. Quant à la molette de navigation, de couleur orange, elle donne accès aux réglages essentiels avec une simplicité dont bien des concurrents gagneraient à s’inspirer.
Très pratique, le petit bouton orange offre quatre directions, permettant de monter ou descendre le volume, de changer de piste ou de mettre la musique en pause. NICOLAS SIX / LE MONDE
Un casque facile à démonter
Même lorsqu’on oublie son atout-clé, la réparabilité, le Fairbuds XL est donc casque parfaitement recommandable. Et lorsqu’on rajoute cet élément dans la balance, il devient fort tentant, car beaucoup de casques concurrents ne sont pas conçus pour être démontés facilement. Les pièces détachées de ces derniers ne sont pas vendues par le constructeur, hormis, parfois, les écouteurs. De plus, leurs tarifs de réparation en atelier sont élevés et, une fois cassés, ils finissent généralement dans une poubelle.
Le Fairbuds XL, lui, est composé d’une quinzaine de pièces conçues pour être désassemblées, et la majorité sont vendues sur le site de la marque à des tarifs relativement raisonnables. Un coussinet coûte 15 euros, une batterie 20 euros et l’arceau est divisé en trois pièces facturées chacune 20 euros. La pièce la plus coûteuse est le haut-parleur droit, vendu avec la coque qui l’entoure : 80 euros – deux fois plus cher que le haut-parleur gauche, avec moins d’électronique. Ces pièces ne seront peut-être pas disponibles en permanence : ça n’a pas toujours été le cas pour les pièces des smartphones de Fairphone.
https://assets-decodeurs.lemonde.fr/redacweb/Fairbuds/faibuds.mp4 La batterie du Fairbuds XL est facilement amovible. true true false false false false false Voir la vidéo
La plupart de ces éléments sont faciles à démonter, tout particulièrement la batterie. La moitié des réparations nécessite l’usage du mini-tournevis (fourni) et s’avère généralement simple, d’autant que le fabricant fournit des tutoriels vidéo limpides sur son site. Seuls les coussinets sont plus difficiles à démonter, requérant de la poigne et de l’adresse. Une minorité de réparations nécessitent néanmoins d’être réalisées dans les ateliers de Fairphone, à un tarif inconnu pour le moment : la prise USB, le circuit intégré, ainsi que la pièce qui nous inquiète le plus, la molette multidirectionnelle. Cette dernière étant particulièrement exposée aux chocs, il est probable que sa réparation soit assez chère et longue, étant donné qu’elle suppose un envoi postal et l’intervention d’un technicien.
Enfin Fairphone chercher à soigner son bilan environnemental et social : l’entreprise assure que de nombreuses pièces sont composées de métaux et plastiques recyclés ; elle affirme également reverser un demi-dollar par casque produit aux ouvriers des chaînes de production chinoises, en plus de leur salaire.
Si beaucoup de pièces peuvent être changées par les utilisateurs eux-mêmes, certaines opérations de réparation devront nécessairement se faire dans les ateliers de Fairphone. NICOLAS SIX / LE MONDE
En conclusion
La promesse est tenue : un bricoleur du dimanche pourra changer la plupart des pièces du Fairbuds XL lui-même, sans se ruiner, ce qui devrait permettre à ce casque de traverser les années bien mieux que ses concurrents. Et comme il possède toutes les qualités qu’on est en droit d’attendre d’un casque milieu de gamme, c’est le premier produit de Fairphone que nous recommandons sans réserve. La preuve qu’en matière d’électronique une autre voie est possible.
C’est plutôt pour vous si :
vous cherchez un casque au bon rapport qualité-prix ;
vous êtes fatigué de devoir réinvestir périodiquement dans un casque ;
vous êtes effaré que tant de gadgets soient jetables.
Ce n’est plutôt pas pour vous si :
vous avez un budget plus large, les oreilles fines et que votre priorité est la qualité sonore.
Source: Le Monde