Industrie : pourquoi les relocalisations en France sont-elles beaucoup moins nombreuses qu’attendues

May 11, 2023
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C’était l’un des chantiers prioritaires, à peine le premier confinement levé : retrouver notre souveraineté industrielle. À la télévision, Emmanuel Macron l’annonçait, solennel, le regard planté dans celui des Français. Un milliard d’euros a été débloqué par Bercy pour accompagner les entreprises prêtes à sauter le pas et rentrer en France. Dans le viseur de l’État, en priorité, des secteurs jugés stratégiques comme la santé, l’électronique, l’agroalimentaire, la 5G et les matières premières utiles à l’industrie.

En 2021, le sursaut des relocalisations s’est mis en branle, prometteur. 77 cas ont été recensés, à grands coups de communication. Des équipements du Coq sportif, les jouets Smoby, les peluches de Doudou et Compagnie, les montres Herbelin, mais aussi des sociétés plus stratégiques comme Aguettant, qui fabrique des médicaments injectables en seringues préremplies.

L’écart de compétitivité se creuse avec les États-Unis

Et après ? Le soufflé est retombé, d’un seul coup. En 2022, alors que les experts espéraient jusqu’à plus d’une centaine de retours en France, le baromètre EY n’en compte que… 44. « Il y a eu une cassure entre le printemps et l’été, concède Marc Lhermitte, le responsable des activités liées à la compétitivité et à l’attractivité chez EY. Malgré les gros efforts de la ministre de l’Industrie de l’époque, Agnès Pannier-Runacher, qui estimait à plusieurs centaines le nombre de projets de retour, il y en a eu très peu. » La moitié d’entre eux ont été stoppés net par la crise énergétique. « Certains ont mis en stand-by ou réduit la voilure, mais il est clair que les coûts de l’énergie ont donné un coup de frein », précise-t-il.

« Quand on voit le prix du kilowatt/heure multiplié par huit en France, ajoute ce spécialiste, cela creuse l’écart avec les États-Unis et réduit à néant toute tentative de retour immédiat. Sans compter l’inflation qui a fait grimper les prix et a ralenti la consommation des clients. Pour un patron, l’alignement des planètes n’est pas le bon. »

Source: Le Parisien