Soudan : début d'un cessez-le-feu de 72 heures, la France évacue plus de 500 personnes

May 11, 2023
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L'armée française de l'opération "Sagittaire" évacue des ressortissants français et d'autres nationalités, à la base aérienne de Djibouti, le 23 avril 2023.

Au Soudan, un cessez-le-feu de 72 heures, entré en vigueur mardi et partiellement respecté, a été conclu entre l'armée et des paramilitaires sous l'égide des États-Unis, après dix jours de combats qui ont fait des centaines de morts et poussé des dizaines de milliers d'habitants au départ. Pendant ce temps, les évacuations continuent, la France a annoncé mardi avoir évacué 538 personnes, dont 209 Français.

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Un cessez-le-feu de 72 heures, entré en vigueur mardi 25 avril, a été conclu au Soudan entre les belligérants sous l'égide des États-Unis, après dix jours de combats qui ont fait des centaines de morts et poussé des dizaines de milliers d'habitants au départ. Il est partiellement respecté à Khartoum, où les évacuations continuent. La France a annoncé mardi avoir évacué 538 personnes, dont 209 Français, du pays.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'inquiète d'un risque biologique "énorme" après la prise "par l'une des parties combattantes" d'un "laboratoire public de santé" de la capitale, qui renferme des agents pathogènes de la rougeole, du choléra et de la poliomyélite.

Le chef de la mission de l'ONU au Soudan a dénoncé mardi devant le Conseil de sécurité le "peu de considération" pour les civils des belligérants qui attaquent des zones habitées, "au mépris du droit de la guerre".

Dans la capitale, des combats autour de "lieux stratégiques" ont "largement continué et parfois même se sont intensifiés", a noté Volker Perthes, qui s'exprimait depuis Port-Soudan, dans l'est du pays, où l'ONU a relocalisé une partie de son personnel. "Il n'y a pour l'instant aucun signe clair que l'un ou l'autre (des deux généraux) est prêt à vraiment négocier, suggérant que les deux pensent qu'une victoire militaire est possible. C'est une erreur de calcul", a-t-il insisté. "Même si un camp gagne, le Soudan perdra". De manière générale, les combats "ont créé une catastrophe humanitaire dont les civils paient le prix", a commenté le responsable onusien.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, décrivant "dix jours de violence et de chaos déchirants", a lui répété sa crainte d'une propagation du conflit à toute la région. "Les sept pays frontaliers du Soudan ont tous été impliqués lors de la dernière décennie dans des conflits ou des troubles civils importants", a-t-il noté. "La lutte de pouvoir au Soudan ne menace pas seulement l'avenir du pays. Elle allume une étincelle qui pourrait exploser au-delà des frontières, causant d'immenses souffrances pour des années, et faisant reculer le développement de décennies", a insisté Antonio Guterres.

Dix jours après le début des combats qui ont fait plus de 459 morts et plus de 4 000 blessés selon l'ONU, l'armée a visé mardi les positions des paramilitaires avec ses avions dans les banlieues de Khartoum et ces derniers ont répondu par des rafales de mitrailleuse lourde, ont rapporté des témoins à l'AFP.

Comme à chaque annonce de trêve, les paramilitaires du général Mohamed Hamdane Daglo, et l'armée du général rival Abdel Fattah al-Burhane, se sont mutuellement accusés de la violer.

Il est impossible dans l'immédiat de savoir si les violents combats qui font rage dans la vaste région du Darfour (ouest du Soudan) depuis le début des hostilités le 15 avril ont baissé en intensité.

Médiation "saoudo-américaine"

"Après d'intenses négociations", l'armée soudanaise et les Forces de soutien rapide (FSR) "ont accepté un cessez-le-feu dans tout le pays", a affirmé le secrétaire d'État américain, Antony Blinken, peu avant l'entrée en vigueur de la trêve à minuit (22 h GMT lundi). Le département d'État espère que cette trêve "sera prolongée", a indiqué mardi son porte-parole, Vedant Patel.

La France, elle, a salué ce cessez-le-feu, se disant "attentive à (son) respect", d'après un communiqué du ministère des Affaires étrangères.

Profitant de cette potentielle accalmie, jusqu'à 270 000 personnes pourraient encore fuir au Tchad et au Soudan du Sud voisins, a alerté mardi l'ONU.

Khaled Omar Youssef, des Forces de la liberté et du changement (FLC), le bloc civil limogé par le putsch mené en 2021 par les deux généraux alors alliés, s'est félicité "d'une médiation américaine" pour "cette trêve humanitaire". "Elle permettra un dialogue sur les modalités d'un cessez-le-feu définitif", a-t-il déclaré, affirmant que les civils participent aux négociations.

Antony Blinken a dit, lui, œuvrer avec des alliés tandis que l'armée a évoqué une médiation "saoudo-américaine".

L'intensité des combats dans plusieurs quartiers de la capitale a de fait baissé depuis le début, samedi, des évacuations d'étrangers.

Dans d'autres secteurs toutefois, les affrontements ont été ces derniers jours plus destructeurs. Sur des vidéos authentifiées par l'AFP, des magasins incendiés, des immeubles détruits et des civils hagards au milieu de décombres encore fumant témoignent de la violence des raids aériens et des tirs d'artillerie.

Dalia Mohammed a fui Khartoum pour se rendre à Port-Soudan, sur la côte est. "On s'est retrouvés à la rue, on est devenus des déplacés à cause de quelque chose qui n'a rien à voir avec nous : ça ne concerne que deux hommes et leurs troupes surarmées", se lamente-t-elle.

Au nord du pays, Salwa Solimane vient de traverser la frontière égyptienne. "Nous sommes enfin sortis, on va bien", dit-elle à l'AFP. "Ni les FSR, ni l'armée ne nous ont interceptés avant notre arrivée" en Égypte, affirme, soulagée, cette habitante d'Omdourman, la banlieue nord de Khartoum.

Ceux qui ne peuvent pas quitter la capitale de plus de cinq millions d'habitants tentent de survivre, privés d'eau et d'électricité, soumis aux pénuries de nourriture et aux coupures d'Internet et de téléphone.

Selon l'ONU, il y a "219 000 femmes enceintes à Khartoum, dont 24 000 qui devraient accoucher dans les semaines à venir" et qui font face "à d'extrêmes difficultés" dans l'accès aux soins alors que, selon le syndicat des médecins, près des trois quarts des hôpitaux sont hors service.

Cinq humanitaires tués

Le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Josep Borrell, s'est félicité de la trêve, exhortant "les deux parties à la respecter pleinement".

L'Allemagne a déjà prévenu qu'elle organisera mardi soir son dernier vol pour évacuer ses ressortissants ainsi que des citoyens d'autres pays vers la Jordanie.

Le Royaume-Uni, lui, a entamé l'évacuation de ses ressortissants, trois jours après celle de ses diplomates.

Plus de 1 000 ressortissants de l'UE ont pu partir, la France annonçant mardi avoir évacué 538 personnes parmi lesquelles 209 Français. L'Ukraine a, elle, pu faire sortir du pays 138 personnes dont 87 de ses ressortissants.

Tokyo a dit de son côté avoir évacué "tous les Japonais qui se trouvaient à Khartoum" et désiraient partir.

Environ 700 employés internationaux de l'ONU, d'ONG et d'ambassades "ont été évacués vers Port-Soudan", a indiqué l'ONU.

Cinq humanitaires ont été tués dans les combats au Soudan, où des dizaines d'employés humanitaires ont été évacués vers le Tchad depuis le Darfour.

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Avec AFP

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Source: FRANCE 24