Inflation : "C'est une petite musique qui devient assez insupportable", réagit le président de l'Ania, face aux accusations de "profiteurs de crise"
"Si on exagérait sur le niveau du prix, (...) on perdrait des volumes", "le consommateur, c'est le juge de paix", ajoute jeudi sur franceinfo Jean-Philippe André, président de l'Association nationale des industries alimentaires.
"C'est une petite musique qui devient assez insupportable", réagit jeudi 11 mai sur franceinfo Jean-Philippe André, président de l'Association nationale des industries alimentaires, face aux accusations de "profiteurs de crise" alors que l'inflation alimentaire a explosé depuis l'année dernière en France.
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Le président de l'Ania se défend notamment mettant en avant les chiffres de l'Inspection générale des Finances, soit "la plus haute autorité en termes de crédibilité des chiffres". "Elle dit quoi ? Entre 2019 et 2022, fort heureusement, les marges des agriculteurs ont été restaurées de 27 %, les marges de la distribution sur la même période de + 9 %, l'agroalimentaire on est à + 1 %", énumère-t-il soulignant "qu'il n'y a pas photo". "Ce n'est pas anormal, on a simplement le même niveau de marge", a-t-il précisé indiquant "qu'il ne faut pas faire de débat sur des profiteurs".
Pas de baisse des prix avant plusieurs semaines
Selon Jean-Philippe André, les adhérents de l'Ania n'auraient aucun intérêt à pratiquer ce type de méthode. "La plupart ont des marques locales, régionales, nationales. Si on exagérait, je suis vraiment au conditionnel, sur le niveau du prix : on se déconnecterait complètement des marques distributeurs, on perdrait des volumes", confie-t-il rappelant "que le consommateur n'est pas idiot".
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Distributeurs et industriels sont invités à revenir à la table des négociations afin de renégocier les prix de certains produits, les cours mondiaux de plusieurs matières premières commençant à baisser. Le président de l'Ania n'est pas contre, "s'il y a des cours des matières premières qui baissent : oui".
Mais Jean-Philippe André précise que cela mettra quelques semaines avant de se refléter dans les chariots des Français. "Il y a une réalité opérationnelle de l'entreprise : quand vous avez en stock, ce qu'on appelle des couvertures d'achat, un produit que vous avez acheté il y a quelques mois dont la valeur était 100 par exemple, et si effectivement votre cours mondial a baissé à 80, il faut attendre de se réapprovisionner à ce coût de 80 pour l'intégrer", détaille-t-il. "Ça se fera", mais pas avant la fin de l'été reconnaît-il.
20 % d'inflation alimentaire en Allemagne
Quant à la possibilité, évoquée par Bercy, de durcir les règles en cas d'absence "d'efforts" des industriels, le président de l'Ania "n'y voit pas une très bonne idée". "On est responsable, je veux l'affirmer haut et fort, et faire du 'name and shame' sur ceux qu'on a applaudis pendant deux ans avec la pandémie et la guerre en Ukraine, ça sera quand même très contradictoire. On n'a pas besoin de ça dans ce pays", conclut-il rappelant que si l'inflation alimentaire en France est de 15 %, elle est actuellement plus de 20 % en Allemagne. "Ce n'est pas uniquement un problème français, il faut simplement réussir à assumer cette situation".
Source: franceinfo