Immigration aux États-Unis : panique à la frontière USA-Mexique
À la frontière avec le Mexique, plusieurs municipalités du Texas et de l’Arizona anticipent une situation chaotique et ont déclaré l’état d’urgence… Deux mille soldats de plus ont été déployés par Washington pour épauler les quelque 24 000 officiers des services d’immigration mobilisés. Mais la tâche est herculéenne, alors que des dizaines de milliers de migrants sans visas, pour l’essentiel venus d’Amérique centrale et du Sud, mais aussi de Chine, de Russie ou de Haïti, se bousculent à la frontière.
« C’est une crise extrêmement compliquée et elle est mondiale, regardez en Europe, vous avez la même chose, constate Maria Blacque-Belair, la directrice de RIF, un organisme new-yorkais d’aide aux demandeurs d’asile. La situation me rappelle un couvercle qui bout sur la marmite. Il faudrait pouvoir dépasser les idéologies, mais tout est bloqué, à commencer par le Congrès… »
Un nouveau dispositif en train d’être élaboré dans l’urgence
« Des millions de personnes d’Amérique latine partent de chez elle, s’alarme le New York Times dans un article qui a fait du bruit ici, en nombres jamais aussi importants depuis des décennies et se dirigent vers les États-Unis ».
La pandémie de Covid, une grave récession économique, la répression politique dans plusieurs pays, la violence des groupes armés et des gangs, l’inflation des produits alimentaires de base provoquée par le conflit en Ukraine, tout cela a créé un « perfect storm » (littéralement, un orage parfait, les conditions d’une crise) au sud des États-Unis, observent les spécialistes. De plus, cela fait des semaines que de fausses informations sur une éventuelle amnistie, relayées par les réseaux de passeurs et de trafiquants, circulent sur les réseaux sociaux, alimentant la crise.
En trois ans, le Titre 42, une mesure qui date du XIXe siècle et dont la levée devait avoir lieu ce jeudi 11 mai à minuit, avait permis aux États-Unis de refouler 2,8 millions de migrants, des hommes le plus souvent, certains plus d’une fois. La pandémie ayant fortement régressé, l’administration tente dans l’urgence de mettre sur pied un nouveau dispositif migratoire dont les contours restent encore flous. Objectif : rétablir les voies légales d’immigration. Apparemment, les candidats à l’exil vont être acceptés à la frontière et voir leur dossier traité par la justice, un processus qui peut prendre des années.
Un débat politique houleux
Les images de foules de migrants massés à la frontière, de familles entières en train de traverser le Rio Grande envahissent les médias américains, et le débat sur l’immigration clandestine a atteint son paroxysme ces jours derniers. Les Républicains, l’ex-président Donald Trump en tête, tirent à boulets rouges sur le président Joe Biden, accusé d’incompétence et de faiblesse. Ils savent que l’immigration est une question épineuse, sinon insoluble en ce moment, pour la Maison-Blanche.
Source: Le Parisien