Iran : les Français Benjamin Brière et Bernard Phelan libérés
Manifestation pour demander la libération des otages français détenus en Iran, le 28 janvier 2023. STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
La bonne nouvelle était attendue depuis des mois. Benjamin Brière et Bernard Phelan, deux ressortissants français détenus dans les geôles iraniennes, ont été libérés, vendredi 12 mai, a annoncé le président français, Emmanuel Macron. Les deux hommes ont quitté l’Iran à bord d’un avion affrété par la France. Après leur libération, la République islamique d’Iran détient encore cinq ressortissants français.
« Libres, enfin. Benjamin Brière et Bernard Phélan vont retrouver leurs proches, a précisé le chef de l’Etat sur Twitter. C’est un soulagement. Je salue leur libération. Merci à tous ceux qui ont œuvré à cette issue. Nous continuerons à agir pour le retour de nos compatriotes encore détenus en Iran. »
Benjamin Brière, âgé de 37 ans, a été arrêté en mai 2020 alors qu’il était dans le nord-est de l’Iran, près de la frontière avec le Turkménistan. L’homme qui s’est toujours présenté comme un touriste a été condamné en première instance à huit ans et huit mois de prison, début janvier, pour espionnage. Pour protester contre cette condamnation, il a mené une grève de la faim pendant plus d’un mois, début février. Quelques jours plus tard, la cour d’appel l’a acquitté de toutes les charges retenues contre lui. Benjamin Brière est pourtant resté derrière les barreaux jusqu’à ce vendredi.
Bernard Phelan, qui détient aussi également la nationalité irlandaise, a été arrêté, le 3 octobre 2022, alors qu’il était en voyage dans le cadre de ses activités de « consultant pour un tour-opérateur », a raconté sa sœur, Caroline Massé-Phelan, en janvier. Son arrestation coïncidait avec une grande vague de manifestations en Iran, suscitée à la suite de la mort de la jeune Iranienne Mahsa (Jina) Amini pendant sa garde à vue pour un foulard « mal approprié ». Bernard Phelan, souffrant selon sa famille de problèmes cardiaques et d’une pathologie aux os, avait entrepris une grève de la faim et de la soif, à la suite desquelles son état de santé s’est dégradé. Contrairement à Benjamin Brière, Bernard Phelan n’a jamais été jugé par la justice iranienne.
« Diplomatie des otages »
Hormis la France, d’autres pays occidentaux, dont les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la Belgique, l’Allemagne, l’Autriche et la Suède, sont concernés par l’emprisonnement en Iran de leurs ressortissants, dont le nombre est évalué à une quarantaine. Certains de ces pays, à l’instar de la France, ainsi que les organisations de défense des droits humains, dénoncent une « diplomatie des otages » menée par la République islamique d’Iran. Ce pays a, par le passé, procédé à la libération des citoyens occidentaux de ses prisons en obtenant des concessions des pays concernés.
En 2020, le chercheur Roland Marchal, arrêté en Iran un an plus tôt, a été renvoyé en France, alors que Paris venait de libérer l’ingénieur iranien Jalal Rohollahnejad, dont les Etats-Unis réclamaient l’extradition pour violation des sanctions américaines contre l’Iran. La compagne du Français, l’anthropologue franco-iranienne Fariba Adelkhah, a été arrêtée au même moment. Condamnée en 2020 à cinq ans de prison, elle a été libérée de prison en février, mais reste toujours bloquée en Iran.
Parmi les autres Français emprisonnés en Iran, on compte deux syndicalistes, Cécile Kohler et Jacques Paris, arrêtés en mai 2022. Les autorités iraniennes accusent le couple d’avoir cherché à « provoquer le chaos et le désordre social dans le but de déstabiliser » le pays. Agé de 35 ans, le consultant Louis Arnaud, parti en Iran dans le cadre d’un tour du monde, est détenu dans ce pays depuis fin septembre 2022. Aucune information n’a été communiquée quant au cinquième ressortissant français emprisonné en Iran.
Source: Le Monde