Etienne Daho et son album " Tirer la nuit sur les étoiles " en orbite géostationnaire

May 12, 2023
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Etienne Daho, en banlieue parisienne, le 25 janvier 2023. PIERRE ANGE CARLOTTI

Les astres étaient parfaitement alignés pour faire une attraction de Tirer la nuit sur les étoiles, douzième album studio d’Etienne Daho. En quarante ans de carrière, l’Orano-Rennais de Paris aura su faire de ses faiblesses (voix, charisme) une force, jusqu’à s’imposer comme une référence dans ce pays.

Son rôle d’éclaireur est salué pour avoir dynamité les cloisons entre les genres, radicalité rock et légèreté pop – jusqu’au yéyé –, en montrant que l’on pouvait à la fois se revendiquer du Velvet Underground et de Sylvie Vartan, de Syd Barrett et d’Astrud Gilberto, une attitude ouverte qui définit aujourd’hui la scène française. Sans compter que l’élégance et la discrétion de cet éternel adolescent de 67 ans lui garantissent un fort capital de popularité, qu’il pourra constater à l’automne avec une tournée des Zénith de France et une apothéose à l’Accor Arena de Paris-Bercy, le 22 décembre.

La curiosité de Daho l’avait fait épouser la vague électro avec Eden (1996), album clivant, avant que les avis se fédèrent pour les cinq suivants, notamment le chef-d’œuvre tardif qu’est Les Chansons de l’innocence retrouvée (2013). Tirer la nuit sur les étoiles, qui succède à Blitz (2017), une plongée dans le psychédélisme et l’univers des bikers, ne suscite malheureusement pas le même enthousiasme car dénué de surprise. En guise du voyage stellaire attendu, l’auteur de Pour nos vies martiennes (1988) semble tourner en orbite géostationnaire.

Avec la complicité de l’ami fidèle Jean-Louis Piérot, des moyens dignes d’Elon Musk ont été réunis : sept studios d’enregistrement différents, dont celui d’Abbey Road, à Londres, et l’utilisation fétichiste du piano de John Lennon, une armée de collaborateurs, avec des électroniciens en aval pour dynamiser une production déjà pléthorique – orchestre à cordes, section de cuivres, chœurs omniprésents…

Entre rétro et modernité machinique

Mais Daho donne surtout l’impression de synthétiser les périodes de son riche parcours sans orientation esthétique claire. Et ce dès la chanson-titre, un duo avec Vanessa Paradis croisant guitares ressuscitées du Swinging London et boucles jungle. L’anglophilie du chanteur l’amène aussi à chanter I’ve Been Thinking About You dans la langue aimée, exercice dans son cas toujours embarrassant.

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Le single Boyfriend hésite, lui, entre une réminiscence des Beach Boys de Pet Sounds (1966) et le confort de la musique lounge, quand Comme deux aimants flirte avec la variété grandiloquente des années 1970. L’ensemble oscille entre rétro, que symbolise la participation d’Unloved, trio californien amouraché des romances chantées par les girl groups des années 1960, et une modernité machinique qu’incarne le duo de bidouilleurs franciliens Global Network.

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Source: Le Monde