Pakistan : la Cour suprême ordonne la libération d’Imran Khan
Les partisans de l’ancien premier ministre pakistanais Imran Khan, après que la Cour suprême a déclaré l’arrestation d’Imran Khan « invalide », à Lahore (Pakistan), le 11 mai 2023. ARIF ALI / AFP
Le Pakistan est entré dans une ère d’incertitude. Deux jours après l’interpellation spectaculaire d’Imran Khan dans l’enceinte de la Haute Cour d’Islamabad pour des allégations de corruption, la Cour suprême, la plus haute juridiction du pays, a déclaré, jeudi 11 mai, cette arrestation « invalide » et « illégale ». Les magistrats avaient demandé à voir dans l’heure l’ancien premier ministre, détenu par l’agence anticorruption. Il s’agit d’un cuisant revers pour le gouvernement. Les juges ont placé l’opposant sous protection, en « homme libre », dans un lieu sécurisé, et ordonné une nouvelle audience de la Haute Cour d’Islamabad. Celle-ci devait se prononcer sur sa demande de liberté sous caution, vendredi 12 mai.
« Votre arrestation est invalide et le processus entier doit être revu », a jugé jeudi Umar Ata Bandial, le président de la Cour suprême, saisie par les avocats d’Imran Khan. L’institution judiciaire estime que « le droit d’accès à la justice a été bafoué, ainsi que l’inviolabilité et la sécurité du tribunal ».
M. Khan aurait dû comparaître mardi 9 mai, mais alors qu’il était dans la salle de reconnaissance biométrique, l’ancien premier ministre avait été brutalement interpellé par des paramilitaires. Des rangers du Pendjab, en tenue de combat, avaient débarqué en cassant portes et fenêtres, l’avaient attrapé par le col, brutalisé, traîné à l’extérieur, puis jeté dans une voiture blindée.
Une fragile victoire
La victoire judiciaire de l’ancien premier ministre, au pouvoir de 2018 à 2022, est cependant fragile et peut-être temporaire. Le président de la Cour suprême a demandé à Imran Khan d’appeler ses partisans à rester pacifiques. « Nous ne voulons pas d’anarchie dans le pays puisque nous sommes un parti qui croit en la Constitution. Nous voulons des élections immédiates », lui a répondu Imran Khan. La nuit de jeudi à vendredi a été plutôt calme. Mais l’arrestation des dirigeants du parti d’Imran Khan, Pakistan Tehrik-e-Insaf (PTI), se poursuit. La quasi-totalité de la direction est sous les verrous.
Le gouvernement, qui conteste la décision de la haute juridiction, n’entend pas en rester là. Il s’est dit déterminé à trouver d’autres moyens légaux pour arrêter son adversaire. Le ministre de l’intérieur a prévenu sur une chaîne de télévision : « Nous l’arrêterons à nouveau ! »
Imran Khan est sous le coup d’une centaine de procédures lancées par des agences gouvernementales destinées à l’éliminer de la vie politique car depuis un an, il mène une guerre sans relâche contre la coalition qui l’a renversé en avril 2022 au Parlement par une motion de défiance. Il mobilise la rue à travers de gigantesques meetings pour demander des élections anticipées. Au faîte de sa popularité, l’ancien champion de cricket sait qu’il a toutes les chances d’emporter le suffrage du peuple et de revenir au pouvoir. Le gouvernement Sharif a au contraire la certitude de perdre dans les urnes.
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Source: Le Monde