Thaïlande : des législatives dans l’ombre de Thaksin Shinawatra

May 12, 2023
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Paethongtarn Shinawatra, candidate du parti Pheu Thai, lors d’un meeting électoral au stade Thunder Dome à Nonthaburi, au nord de Bangkok, le 5 avril 2023. JACK TAYLOR / AFP

Chapeau sur la tête, moustache et ceinturon orné d’une plaque argentée, Choduek Kongsomkhong soigne son allure de guérillero andin. Le style ne dépare pas dans sa petite salle à manger décorée de deux peintures représentant Lénine. Aujourd’hui gérant d’un parc de maisons d’hôte traditionnelles, non loin de Khon Kaen, grande ville du nord-est de la Thaïlande, cet ancien syndicaliste et sympathisant communiste a le cœur gros des injustices passées. « Les deux derniers coups d’Etat ont laissé des traces très profondes dans l’esprit des gens. C’est une blessure. Mais ces méthodes ne marchent pas. Le parti Pheu Thai [« Pour les Thaïlandais »] va gagner et, quoi qu’il arrive, nous nous battrons », dit-il au sujet du premier parti politique d’opposition, que les sondages placent en tête aux élections législatives du 14 mai.

Comme la majorité des habitants de l’Isan, cette vaste région du nord-est de la Thaïlande qui regroupe 20 provinces et le tiers des 70 millions de Thailandais, l’ex-militant de gauche vibre pour la formation de l’ancien premier ministre thaïlandais Thaksin Shinawatra, dont la fille, Paethongtarn, âgée de 36 ans, est la candidate du parti au poste de premier ministre.

Elu en 2001, réélu en 2005, mais perçu comme une menace populiste par l’establishment militaro-royaliste, Thaksin fut renversé en 2006 par l’armée. Sa sœur, Yingluck Shinawatra, portée au pouvoir par la victoire du Pheu Thai en 2011, fut à son tour chassée par les militaires en 2014. Après cinq années de junte, le Pheu Thai termina en tête du scrutin de 2019. Or, une disposition constitutionnelle imposait que les 250 sénateurs nommés par l’ex-junte désignent le premier ministre au côté des 500 députés de la Chambre basse, ce qui permit au général putschiste, Prayuth Chan-o-cha, de se succéder à lui-même. Ces règles sont toujours en vigueur et M. Chan-o-cha est candidat à sa réélection.

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L’ombre de Thaksin et la peur des généraux

Exilé à Dubaï et passible de deux ans de prison pour une condamnation en 2008, Thaksin n’a officiellement aucun rôle dans la campagne du Pheu Thai – le parti est d’ailleurs visé par une plainte l’accusant du contraire, ce qui pourrait entraîner sa dissolution. Mais chacune de ses « sorties » provoque des sueurs froides chez les généraux, qui redoutent une mobilisation populaire en sa faveur s’il revient dans le pays : à cinq jours des élections, le milliardaire a tweeté le 9 mai avoir « décidé de rentrer en Thaïlande d’ici à [son] anniversaire, le 26 juillet, pour [s]’occuper de [ses] petits-enfants » – Paethongtarn a accouché d’un fils le 1er mai.

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Source: Le Monde