Face à des médecins surchargés, les Français se tournent vers l’automédication

May 12, 2023
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Dans une pharmacie, à Paris, le 19 octobre 2022. CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

C’est devenu une habitude. Quand elle tousse ou a un gros rhume, Brigitte se rend dans sa pharmacie de quartier. « Inutile de déranger mon généraliste pour un nez qui coule ou une gorge irritée. Je préfère demander conseil à mon pharmacien. Et puis, de toute façon, les médecins sont débordés », explique la septuagénaire. Ce jour-là, la retraitée est venue munie d’une ordonnance pour traiter un problème « plus sérieux ». Mais dans la file d’attente de cette officine parisienne située dans le 14e arrondissement, ils sont nombreux à en être dépourvus.

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Un shampooing antipoux recommandé par l’école de sa fille dans la main, Fabien, 39 ans, confirme : « C’est devenu quasiment impossible d’avoir un rendez-vous rapidement chez le médecin, alors, pour les petites pathologies sans gravité, c’est plus rapide de venir directement ici acheter une boîte de Doliprane ou un sirop. »

Douleurs, fièvre, brûlures d’estomac, sinusites, allergies…

Confrontés à des difficultés d’accès croissantes à leurs médecins, les Français sont de plus en plus nombreux à privilégier l’achat de médicaments sans ordonnance pour soulager leurs maux du quotidien. Quitte à débourser quelques euros de leur poche, faute d’ordonnance. « J’aurais été en partie remboursée si j’avais consulté, mais mon médecin traitant vient de quitter son cabinet. Son remplaçant n’avait pas de créneau avant une semaine. Ma mycose vaginale devenait tellement gênante que je n’arrivais plus à dormir », confie Anaïs, 35 ans.

Sirop pour la toux et spray nasal

En 2022, sur les 281,5 millions de passages au comptoir effectués en moyenne chaque mois dans les officines tricolores, plus de 78 millions concernaient ainsi des achats de produits de premiers recours sans prescription, selon l’organisation professionnelle NèreS, qui représente les fabricants de médicaments sans ordonnance. « Les plus âgés avaient déjà ce réflexe, mais avec le Covid-19, les jeunes générations ont redécouvert l’officine et le rôle du pharmacien. Elles ont compris que nous étions compétents et disponibles facilement pour répondre à leurs pathologies bénignes », observe Philippe Bellaïche, président du groupement de pharmaciens iPharm.

Avec plus de 2,2 milliards d’euros de ventes entre mars 2022 et mars 2023, et près de 440 millions de boîtes de médicaments écoulées, le marché de l’automédication apparaît, certes, dérisoire comparé à celui des médicaments remboursés (plus de 31 milliards d’euros). « Mais avec une croissance de 6 % par rapport à il y a quatre ans, et de 10,6 % en 2022, il reste dynamique. D’autant plus qu’il y a eu des tensions d’approvisionnement sur certains produits qui ont pu empêcher des ventes », analyse David Syr, directeur général adjoint du groupement d’intérêt économique Gers Data.

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Source: Le Monde