Opération " Wuambushu " à Mayotte : plan blanc déclenché à l’hôpital de Mamoudzou, dont les accès sont bloqués
Des banderoles accrochées à l’entrée du centre hospitalier de Mayotte, à Mamoudzou, le 12 mai 2023. CHAFION MADI / AFP
La direction du centre hospitalier de Mamoudzou a annoncé vendredi 12 mai dans un communiqué avoir « décidé de déclencher le plan blanc », qui implique la fermeture du centre médical de référence (CMR) de Dzoumogné, à la suite d’agressions et d’actes de vandalisme sur le site. Les accès au centre hospitalier de Mamoudzou et d’autres établissements de soins de Mayotte sont bloqués depuis plusieurs jours par des membres de collectifs qui entendent dénoncer le refus des autorités comoriennes d’accepter les personnes expulsées du territoire dans le cadre de l’opération « Wuambushu », a constaté une journaliste de l’Agence France-presse (AFP).
Au début de la semaine, ils ont décidé d’empêcher les patients d’accéder à l’hôpital de Mamoudzou. A quelques mètres, le centre de consultations et de soins Jacaranda a été bloqué à la fin de la semaine dernière et a fermé ses portes « jusqu’à nouvel ordre ». Les blocages aux abords des dispensaires ont été constatés à Dzoumogné, au nord, à Kahani, au centre, et à Pamandzi, en Petite-Terre.
« Ces hôpitaux ne nous appartiennent plus »
« Il y a eu des affrontements dans la journée entre les forces de l’ordre et de jeunes délinquants devant le collège de Dzoumogné. En fin d’après-midi, une dizaine de jeunes ont réussi à s’introduire dans le CMR en profitant de l’entrée d’une ambulance. Ils ont voulu s’en prendre aux membres du collectif qui étaient là, qui se sont réfugiés avec le personnel soignant dans les bâtiments. Il y a eu une blessée parmi le collectif », a déclaré à l’AFP Jean-Mathieu Defour, directeur général du centre hospitalier de Mayotte.
« Ces hôpitaux, ces dispensaires, ne nous appartiennent plus, ils sont saturés et nous sommes obligés, nous, Mahorais, d’aller nous faire soigner à La Réunion », a déclaré à l’AFP Safina Soula, la présidente de Citoyens de Mayotte 2018. Les membres de son collectif sont déterminés à empêcher les consultations dans les centres de soins tant que le navire qui assure les traversées entre Mayotte et Les Comores n’aura pas repris du service. Depuis mercredi, les collectifs locaux bloquent le départ du ferry qui assure les trajets vers Anjouan. « Il ne transporte que des médicaments et de la nourriture, il est hors de question qu’il parte sans migrants », estime Safina Soula.
A l’hôpital, la plupart des consultations externes ont été reportées à la semaine prochaine. Dans une note d’information que s’est procurée l’AFP, la direction demande aux soignants de n’entrer en contact ni avec le collectif ni avec la presse.
1 800 policiers et gendarmes mobilisés
Les autorités françaises ont déployé depuis la fin d’avril d’importants moyens pour déloger des migrants illégaux des bidonvilles de Mayotte dans le cadre de la vaste opération « Wuambushu » (« reprise » en mahorais). Quelque 1 800 policiers et gendarmes sont mobilisés.
Les Comoriens en situation irrégulière, soit la grande majorité des sans-papiers présents dans l’archipel français de l’océan Indien, doivent être renvoyés sur l’île comorienne la plus proche, Anjouan, à seulement 70 kilomètres. Les autorités portuaires comoriennes avaient annoncé le 27 avril que les bateaux en provenance de Mayotte étaient à nouveau autorisés à accoster, mais que ne pouvaient débarquer que les Comoriens pourvus de leur carte d’identité nationale. Le même jour, la compagnie maritime assurant la liaison entre le département français de Mayotte et les Comores avait annoncé « suspendre les rotations jusqu’à nouvel ordre ».
Le Monde avec AFP
Source: Le Monde