" Pas du tout de pause dans l’ambition climatique " de la France, assure Elisabeth Borne
La première ministre, Elisabeth Borne, a assuré, samedi 13 mai, qu’« il n’y a pas du tout de pause dans l’ambition climatique » de la France, après des déclarations controversées du président de la République, Emmanuel Macron, qui a appelé, jeudi, à cesser de produire de nouvelles normes environnementales en Europe.
A l’occasion de la présentation de son plan pour « verdir » l’industrie, le chef de l’Etat a dit souhaiter une « pause » dans la réglementation européenne, afin de préserver les acteurs locaux soumis à la concurrence des pays moins-disants du point de vue environnemental.
« On ne veut pas seulement être un marché vert mais produire vert sur notre sol. Nous, on a déjà passé beaucoup de réglementations au niveau européen, plus que les voisins (…). Maintenant, il faut qu’on exécute, pas qu’on fasse de nouveaux changements de règles, parce que sinon on va perdre tous les acteurs », a expliqué Emmanuel Macron jeudi.
« Aujourd’hui, on sait faire de la réindustrialisation en faisant de l’écologie », a assuré le président lors de sa visite sur le site d’Aluminium Dunkerque, vendredi. « Certains ont voulu me faire dire n’importe quoi, mais on a été les premiers à défendre le Green Deal [ensemble de textes qui doivent permettre d’atteindre la neutralité carbone en 2050] », s’est-il insurgé, ajoutant : « Appliquons et allons au bout [de ce Green Deal,] mais n’en rajoutons pas plus. »
Des propos qui ont semé le trouble à Bruxelles
« Vous savez qu’on a porté ces dernières années, sous l’impulsion de la France et du président de la République, des politiques très ambitieuses à l’échelle européenne. C’est le Green Deal notamment, c’est l’objectif d’atteindre la neutralité carbone en 2050 », a dit Elisabeth Borne à Saint-Paul, sur l’île de la Réunion, où elle achève samedi un déplacement de trois jours.
« Cette législation, elle est ambitieuse, elle nous permet de tenir nos objectifs, maintenant il faut qu’on s’emploie à la mettre en œuvre et c’est déjà une tâche très importante », a ajouté la cheffe du gouvernement en écho aux propos d’Emmanuel Macron, estimant qu’il n’était pas utile de « rajouter des normes aux normes ».
Les propos du chef de l’Etat ont semé le trouble à Bruxelles, jusque dans son propre camp, qui n’avait pas anticipé une telle sortie. Sur la scène européenne, ce sont en effet les conservateurs du Parti populaire européen (PPE) qui demandent un moratoire sur plusieurs textes environnementaux du Green Deal européen.
« Il enfourche le canasson du PPE. C’est n’importe quoi », a déploré Philippe Lamberts, coprésident du groupe Les Verts au Parlement européen. « C’est vrai que le réchauffement climatique est réglé, c’est vraiment le moment de faire une pause… », a ironisé sa collègue « insoumise » Manon Aubry, coprésidente du groupe de la gauche radicale (GUE) au Parlement européen. « Nous défendons depuis plusieurs mois l’idée d’un moratoire législatif. On va presque demander un droit de copyright à Emmanuel Macron », a réagi de son côté François-Xavier Bellamy, eurodéputé Les Républicains (LR/PPE).
Le Green Deal, ou Pacte vert, est le paquet de textes-clés de l’Union européenne sur le climat, dont l’essentiel (réforme du marché carbone, fin des ventes de voitures à moteur thermique…) a été adopté, mais dont une partie fait encore l’objet de difficiles négociations.
Le Monde avec AFP
Source: Le Monde