États-Unis : l’énigmatique mère qui prenait ses enfants pour des " zombies " jugée coupable de meurtres
Le juge avait demandé aux nombreuses personnes présentes au procès de s’abstenir de toute « explosion bruyante » pendant la lecture du verdict. Après plusieurs heures de délibération jeudi puis de nouveau vendredi, un jury a reconnu Lori Vallow Daybell coupable du meurtre de deux de ses enfants, et d’avoir organisé un complot pour tuer la première femme de son mari, Tamara Daybell. Lori Vallow risque la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle. Elle a évité la peine de mort, qui a été écartée par le juge.
Lori Vallow Daybell et son mari, Chad Daybell, auteur de livres ésotériques et prédicateur mormon, avaient été inculpés de deux chefs de meurtre au premier degré pour la mort en 2019 de ses enfants, Joshua « JJ » Vallow, 7 ans, et Tylee Ryan, 16 ans. Leurs grands-parents avaient signalé la disparition de l’aînée, qui, selon sa mère, passait des vacances dans l’Arizona avec une amie. En novembre, l’enquête de police ouverte pour retrouver Tylee avait démontré que Joshua avait également disparu. Les deux enfants avaient été vus pour la dernière fois début pour l’un et fin septembre pour l’autre. Leurs dépouilles avaient été retrouvées en juin 2020 dans le jardin de Chad Daybell à Rexburg (Idaho). Il était l’amant de leur mère au moment de leurs disparitions, son cinquième mari lors de la macabre découverte.
Ils « utilisaient la religion pour manipuler les autres »
Au terme de six semaines d’audiences, diffusées à la télévision, le procureur principal Rob Wood a accusé Lori Vallow Daybell d’avoir mis en place un plan pour le meurtre d’enfants dès octobre 2018 « en utilisant l’argent, le pouvoir et le sexe ». « Ils peuvent croire ce qu’ils veulent » mais Vallow et Daybell « utilisaient la religion pour manipuler les autres », a estimé Wood. Dans les nombreux SMS échangés par le couple dans les semaines précédant la disparition effective des enfants, ils évoquaient les démons habitant dans les corps de Tylee et Joshua, parlaient de leur « fatigue » d’avoir à s’occuper d’eux, demandant « au Seigneur de les prendre », de les « emmener ». Versée dans des théories de fin du monde et de la réincarnation, Lori Vallow prenait, selon les enquêteurs, sa fille et son fils adoptif, pour des « zombies ». Selon des témoignages, elle se considérait comme une sauveuse de l’humanité et pensait pouvoir communiquer avec les anges.
Larry and Kay Woodcock, les grands-parents de Joshua, qui avaient signalé la disparition des enfants, ont accueilli le verdict avec soulagement, à la sortie du tribunal de Boise (Idaho). REUTERS/Brian Losness Nitrophoto 2023
La famille entière a eu une vie rocambolesque, qui a nourri une série documentaire sur Netflix, « Notre mère meurtrière ». En 2018, le troisième mari de Lori Vallow, le père du garçon tué, était mort de ce qui semblait être une crise cardiaque. En 2019, son quatrième mari, dont elle était en train de divorcer, avait été tué par balle par le frère de Lori Vallow, Alexander Cox, qui avait invoqué la légitime défense. Cox était décédé peu de temps après à son domicile. Cette même année, Tamara, l’ex-femme de Chad Daybell décédait à son tour de causes « naturelles », dix jours après avoir essuyé un tir « accidentel » de paintball dans son allée. Une autopsie révélera plus tard qu’elle a été asphyxiée. Deux semaines après la mort de Tamara, Lori Vallow et Chad Daybell quittaient l’Idaho pour Hawaï, où ils se mariaient.
L’avocat de Lori Vallow Daybell, Jim Archibald, a rejeté la faute sur le mari, dont le procès n’a pas encore eu lieu. Lori Vallow Daybell, a-t-il tenté de convaincre, était une mère dévouée qui aimait ses enfants et Jésus, mais tout a changé vers la fin de 2018, lorsqu’elle a rencontré son amant. « Lori est-elle une dirigeante ou une adepte de Chad ? Elle veut désespérément être une dirigeante, mais elle suit Chad », a-t-il insisté, continuant à plaider non coupable. « Une mère qui ne signale pas la disparition de ses enfants n’est pas une bonne mère », a tranché le procureur. Le jury lui a donné raison.
Source: Le Parisien