Action française : la justice suspend l’interdiction de la manifestation du mouvement royaliste, prévue dimanche à Paris

May 13, 2023
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Des autocollants d’Action française vendus au colloque organisé par le mouvement monarchiste à Paris, le 13 mai 2023. THOMAS SAMSON / AFP

La justice a suspendu, samedi 13 mai, l’interdiction de la manifestation en hommage à Jeanne d’Arc organisée par le mouvement royaliste Action française, prévue dimanche. Il s’agit de la deuxième décision de la journée en ce sens : samedi matin, le juge des référés avait annulé l’arrêté du préfet de police qui interdisait un colloque organisé par Action française et accordé 1 500 euros de remboursement de frais à l’association monarchiste. L’événement s’est tenu dans l’après-midi à l’espace Charenton, dans le 12e arrondissement de Paris.

Le tribunal a en revanche rejeté le recours du groupuscule classé à l’extrême droite, Les Nationalistes d’Yvan Benedetti, qui contestait aussi l’interdiction d’un rassemblement dimanche.

L’interdiction du colloque « La France en danger », dont les invitations avaient été lancées au début d’avril, n’a été notifiée à Action française que vendredi à 15 heures. Le préfet de police, Laurent Nuñez, en application des directives du ministère de l’intérieur, l’avait interdit en s’appuyant sur plusieurs motifs : tout d’abord parce qu’« un appel à un rassemblement » de « plusieurs organisations de la gauche radicale a été lancé en vue de s’opposer violemment à la tenue de cette réunion » – « Europe Ecologie-Les Verts, La France insoumise, Attac et la CGT seront heureuses d’apprendre qu’elles font partie de la gauche radicale », avait répondu François Bel-Ker, membre du conseil de surveillance d’Action française.

Ensuite, pour le préfet, après la manifestation de l’ultradroite le 6 mai à Paris, « les thématiques abordées au cours de ce colloque sont susceptibles de générer des propos de nature à mettre en cause les principes consacrés par la Déclaration des droits de l’homme et par la tradition républicaine, mais également à inciter à la haine et à la discrimination ».

Du danger « migratoire » au danger « culturel »

Le programme du colloque était assez classique à l’extrême droite, même si Action française se défend d’y appartenir et assure « se rattacher à la pensée d’Aristote et de Thomas d’Aquin ». « La France en danger » devait être développée en cinq chapitres : le premier était intitulé « le danger par-delà les frontières », avec la journaliste indépendante Anne-Laure Bonnel, qui avait accusé les Ukrainiens d’avoir bombardé le Donbass depuis des années et fait « treize mille morts depuis 2014 ». Il s’agissait de se demander si le soutien à l’Ukraine révèle ou pas « la soumission aveugle de la France aux intérêts américains ».

Second thème, « le danger migratoire », avec Jean Messiha, parti du Rassemblement national pour aller chez Eric Zemmour et aujourd’hui « président de l’institut Vivre français » ; ce « danger » a été complété par « les dangers venus d’Afrique », avec Bernard Lugan, ancien professeur à Lyon-III et familier de l’extrême droite. Le colloque devait se conclure avec « le danger culturel » dans l’éducation nationale, avec notamment Jean-Frédéric Poisson, président du très catholique Via, la voie du peuple, qui avait rejoint Eric Zemmour pendant la campagne présidentielle. Enfin, « Son Altesse royale le prince Joachim Murat », « descendant du maréchal Murat et prince de Pontecorvo », en Italie, devait se demander si justement les Français ne souhaitent pas changer de régime.

Source: Le Monde