Des sans-papiers occupent la basilique d'Alençon alors que la préfecture leur avait payé l'hôtel
Une association pro-migrants a décidé, avec l'accord de la paroisse, de faire dormir cinq jeunes migrants étrangers dans la basilique d'Alençon pour alerter les autorités sur leur sort. Le préfet de l'Orne dénonce une «occupation illégale».
Depuis jeudi soir, cinq jeunes migrants étrangers, présents clandestinement sur le sol français, dorment sur des matelas dans la nef de la basilique d'Alençon, dans l'Orne. Cette action illégale est organisée par le Réseau Éducation Sans Frontières (RESF) de l'Orne, afin de «rendre visible» la situation de ces sans-papiers, alors qu'un désaccord persiste sur leur prise en charge entre les bénévoles de l'association et la préfecture de l'Orne.
Au total, l'association pro-migrants RESF a pris en charge 17 jeunes sans-papiers, qui ont fait l'objet d'une évaluation de leur âge par les services de l'État ayant conclu au fait qu'aucun d'entre eux n'a été reconnu mineur. Mélanie, membre de RESF et jointe par Le Figaro, qui coordonne l'occupation de la basilique d'Alençon, assure pourtant que les 17 migrants (15 hommes et deux femmes) disposent de papiers d'identité étrangers qui attestent de leur minorité. L'association estime donc que leur prise en charge est du ressort de l'Aide sociale à l'enfance du département de l'Orne, et non de la préfecture. L'association a entamé des procédures devant le juge pour enfants afin de faire reconnaître la minorité des 17 sans-papiers.
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D'ici là, des solutions d'hébergement temporaire avaient été trouvées grâce à la solidarité de particuliers. Mais vendredi 5 mai, l'association a choisi d'interpeller les pouvoirs publics, et a installé des tentes devant la mairie d'Alençon afin de demander une solution d'hébergement. Le soir, la mairie a finalement, grâce à un financement de la préfecture de l'Orne, permis de loger les 17 personnes dans des chambres d'hôtel, pour 5 nuits. Jeudi 11 mai, cette solution d'hébergement est arrivée à son terme. La préfecture de l'Orne a alors convoqué les migrants pour qu'ils se présentent en préfecture, ce qu'ils ont refusé. Les deux jeunes femmes ont décidé d'accepter d'être logées dans un centre d'urgence pour des sans-abri, tandis que sur les 15 jeunes hommes, 10 ont choisi de se débrouiller par leurs propres moyens et 5 ont installé leurs matelas dans la basilique d'Alençon, avec l'aide de RESF et en accord avec le curé de la paroisse Notre-Dame en charge de la basilique d'Alençon, le Père Loïc Gicquel des Touches.
Au Figaro, celui-ci indique avoir pris, en accord avec les deux autres prêtres de sa paroisse, la responsabilité de loger ces sans-papiers dans la basilique, et affirme sa solidarité avec l'action menée par RESF : «les associations de migrants ont du mal à médiatiser leur action, et l'occupation de la basilique a permis de le faire un peu», détaille-t-il. Ajoutant : «Je suis solidaire de ça, au nom de l'évangile : l'Église est la maison de tous, et si des gens veulent prendre la parole grâce à l'Église, pour des cas complexes mais légitimes, je me mets à leur service. Je ne me serais pas senti chrétien si j'avais fermé la basilique à ces personnes. Si grâce à cela nous avons permis à ces gens de faire parler un peu de leur cas, alors c'est tant mieux !»
Des chambres d'hôtel sont restées vides
De son côté la préfecture, qui s'opposait à cette occupation de la basilique, indique avoir réservé jeudi soir deux chambres d'hôtel de trois lits chacune, pour y héberger les sans-papiers une nouvelle fois. «Des chambres d'hôtels ont été réservées, et payées, mais cette offre d'hébergement a été refusée» fait savoir le préfet de l'Orne dans un communiqué. RESF, par la voix de Mélanie, explique avoir refusé de se plier aux conditions de la préfecture, qui étaient de présenter les sans-papiers aux services de l'État, «car cela aurait mis fin à leur présomption de minorité».
«Le préfet regrette et condamne les méthodes du collectif, qui occupe illégalement des lieux publics, la mairie puis la basilique. Il encourage les jeunes à se présenter en préfecture afin que leur situation puisse être examinée et une prise en charge organisée. Aucune solution pérenne ne pourra être trouvée tant que l'identité de ces jeunes et leur situation administrative ne seront pas établies», ajoute le communiqué du préfet.
Les cinq personnes qui ont dormi dans la basilique jeudi et vendredi soir comptent y dormir de nouveau ce samedi soir, et peut-être dimanche, en attendant de trouver une autre solution.
Source: Le Figaro