" La première “panique bancaire de l’ère Twitter” s’est matérialisée avec la chute de la Silicon Valley Bank "

April 25, 2023
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Le 11 mai 2019 au matin, une étrange file d’attente de clients inquiets s’est étirée devant l’agence de la Metro Bank de Harrow, en grande banlieue nord de Londres. Un message circulait sur WhatsApp avertissant d’un risque de faillite immédiate de la banque : « Les gars, si vous avez un compte ou un coffre à Metro Bank, vous devez les vider le plus vite possible. »

L’information était entièrement fausse, mais elle pouvait paraître crédible, la petite banque britannique ayant effectivement dévissé en Bourse depuis un an. La panique a finalement été enrayée, avec quand même une lourde chute de l’action le lundi matin à la réouverture des marchés financiers, avant de finalement se stabiliser.

La même année, Jens Weidmann, le président de la Bundesbank, la banque centrale allemande, prononçait un discours dans lequel il avertissait des risques d’une « panique bancaire numérique ». Un double effet est à l’œuvre. D’une part, les réseaux sociaux accélèrent la diffusion de l’information, et de la désinformation. D’autre part, les transferts d’argent, qui peuvent se faire d’un simple clic d’une application de téléphone portable, peuvent aujourd’hui être extrêmement rapides.

Près de quatre ans plus tard, ce risque s’est matérialisé avec la chute de la Silicon Valley Bank (SVB), le 10 mars. Cette première « panique bancaire de l’ère Twitter », comme elle a parfois été surnommée, s’est déroulée tellement rapidement qu’elle a pris tout le monde par surprise. SVB avait effectivement un problème réel : ses dépôts pouvaient, par définition, être retirés à tout moment, mais sa liquidité était largement bloquée sur des obligations de long terme dont la valeur avait fortement baissé depuis un an. Et les réseaux sociaux et autres messageries ont fait boule de neige.

Des règles à changer

L’entrepreneur Alexander Torrenegra, installé en Californie, a raconté sur Twitter l’emballement du jeudi 9 mars. A 9 heures, sur une messagerie groupée où se trouvaient un peu plus de deux cents créateurs de start-up, des inquiétudes à propos de SVB sont apparues. Une heure plus tard, certains d’entre eux suggéraient de retirer leur argent. « 10 h 50 : je lis les messages lors d’une pause toilette. J’annule tous mes rendez-vous », poursuit-il.

Commence alors un marathon pour retirer son argent personnel ainsi que celui de deux de ses entreprises. Même à l’heure d’Internet, une telle opération n’est pas si simple : à titre personnel, il n’a pas d’autre compte en banque ; les montants que ses sociétés peuvent transférer d’un coup sont plafonnés et sujets à certaines autorisations ; mais il parvient dans la journée à sortir son argent propre ainsi que celui d’une des deux entreprises.

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Source: Le Monde