Bras de fer entre les Etats-Unis et l’Afrique du Sud autour d’une livraison d’armes à la Russie

May 13, 2023
452 views

Le président russe, Vladimir Poutine, au côté du président sud-africain, Cyril Ramaphosa, lors du sommet Russie-Afrique, à Sotchi, en Russie, le 24 octobre 2019. SERGEI CHIRIKOV / AP

D’ordinaire polis, les échanges entre l’Afrique du Sud et les Etats-Unis ont viré à l’aigre après que Reuben Brigety, l’ambassadeur américain à Pretoria, a accusé ouvertement les autorités sud-africaines d’avoir livré des armes à la Russie, jeudi 11 mai.

D’après le diplomate, qui s’exprimait lors d’une rencontre avec des médias locaux, ces armes ont été chargées par les services de renseignement du pays sur le Lady-R, un cargo qui se trouvait dans le port de Simon’s Town, au Cap, « entre le 6 et le 8 décembre » 2022. « Je parierais ma vie sur l’exactitude de cette affirmation », a insisté l’ambassadeur, estimant que « la déviation de l’Afrique du Sud de sa politique de non-alignement est inexplicable ».

Pretoria a vivement réagi le lendemain : le ministère des relations internationales et de la coopération a annoncé qu’il avait convoqué Reuben Brigety et que la cheffe de la diplomatie sud-africaine, Naledi Pandor, s’entretiendrait dans la journée avec son homologue, le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken. Le Comité national pour le contrôle des armes conventionnelles a affirmé, de son côté, qu’il n’avait connaissance d’aucune vente d’armes approuvée par l’Etat à la Russie en rapport avec l’incident en question.

Pris au dépourvu

Manifestement pris au dépourvu, jeudi, le chef de l’Etat sud-africain, Cyril Ramaphosa, a quant à lui botté en touche devant le Parlement, déclarant que les questions concernant le Lady-R étaient « en cours d’examen ». Plus offensif, son porte-parole, Vincent Magwenya, a rappelé par la suite qu’« aucune preuve n’[avait] été fournie à ce jour pour étayer les allégations [selon lesquelles des] armes [auraient été] envoyées par l’Afrique du Sud à la Russie ».

La présidence sud-africaine a également fait part de son mécontentement contre ce qu’elle considère comme une violation du protocole diplomatique.

Des discussions bilatérales étaient en cours entre les Etats-Unis et l’Afrique du Sud avant la sortie de Reuben Brigety, a rappelé Vincent Magwenya, regrettant que « les remarques de l’ambassadeur sapent l’esprit de coopération et de partenariat ».

« J’ai demandé une réunion urgente avec le ministère des relations internationales », a déclaré l’ambassadrice ukrainienne en Afrique du Sud, Liubov Abravitova, au Monde.

Relations étroites

Le Congrès national africain (ANC), au pouvoir, entretient des relations étroites avec Moscou, nouées dès les années 1960, lorsque l’URSS soutenait le mouvement contre l’apartheid. Si elle se dit « neutre », l’Afrique du Sud est en réalité très proche de la Russie. Elle a refusé de condamner l’invasion de l’Ukraine et s’est abstenue lors des différents votes sur le sujet aux Nations unies.

Il vous reste 42.4% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Source: Le Monde