Héritage, mensonges et cocktail mortel : Kouri Richins, autrice d’un livre sur le deuil, aurait tué son mari
Elle avait l’air triste, Kouri Richins, en évoquant la mort de son mari, Éric, sur la chaîne de télé KTVX à Salt Lake City (États-Unis), en mars dernier. Presque un an jour pour jour auparavant, Éric, 39 ans, le père de leurs trois garçonnets, avait été retrouvé mort au pied du lit conjugal à Kamas, une petite ville située à une demi-heure de Deer Valley, la fameuse station de ski olympique de l’État de l’Utah. « Cela a été une mort soudaine qui nous a tous choqués » avait expliqué la jolie brune de 33 ans à la télé.
Alors, pour aider les garçons à surmonter l’épreuve, elle avait écrit avec eux « Are you with me ? (Es-tu avec moi ?) » un livre en hommage à Éric, avec cette dédicace : « À mon étonnant mari, un père merveilleux ». Sur la couverture, on voit un garçon souriant marcher vers un ballon de foot et, dans un nuage au-dessus de lui, son papa avec des ailes d’ange qui le regarde avec affection. « J’espère que ce livre aidera d’autres enfants qui ont subi ce genre d’épreuves, je veux qu’ils trouvent le bonheur d’une manière ou d’une autre », avait-elle dit en promouvant l’ouvrage.
VIDÉO. Elle écrit un livre sur la mort de son mari… puis est inculpée pour son meurtre
Mais ses enfants à elle, Carter, 9 ans, Ashton, 7 ans, et Weston, 5 ans, auront bien du mal à trouver le bonheur. Cette semaine, leur maman a été arrêtée à son domicile et accusée d’avoir tué son mari avec une puissante dose de fentanyl en mars 2022. Et peu à peu, sous les photos de famille idyllique que Kouri aimait poster sur Facebook, apparaît l’image d’un couple tourmenté qui se déchirait depuis longtemps.
Des soupçons de tentatives d’empoisonnement
Sous prétexte de célébrer un nouveau succès de la florissante entreprise de maçonnerie familiale, affirment les autorités, Kouri avait préparé une petite fête intime à la maison, le 3 mars 2022. Comme d’habitude, c’est elle qui prépare les Moscow Mule, ces cocktails à base de vodka et de gingembre qu’affectionne Éric. Mais cette fois, accuse la police, elle ajoute une dose de fentanyl, correspondant à cinq fois la quantité létale, dans le verre de son mari.
« Je lui ai préparé son cocktail dans la cuisine et lui ai apporté dans la chambre, il l’a bu au lit », avait-elle confirmé aux enquêteurs… Mais elle n’était pas restée avec lui, avait-elle ajouté, parce qu’un de ses garçons avait des cauchemars et n’arrivait pas à s’endormir. « Ce n’est que vers 3 heures du matin que je suis retournée dans la chambre, il était froid au toucher », dira-t-elle. La jeune femme précise qu’après avoir appelé les secours, elle avait procédé à des messages cardiaques. En vain.
Kouri Richins, un mois avant son arrestation, racontait encore son histoire sur les plateaux de télévision. (Capture d'écran) ABC4
Mais les amis et la famille d’Éric ne croient pas un mot de Kouri. De fait, cela fait des mois qu’Éric se méfie de sa femme, il s’en est ouvert à ses deux sœurs et à Cody, son meilleur ami. En 2022, quelques heures après un dîner de la Saint-Valentin fêté en amoureux, il est tombé très malade et il confiera à son associé d’entreprise qu’il pense que sa femme a essayé de l’empoisonner. Et déjà, en 2020, il avait dit à sa petite sœur, Amy, que Kouri avait essayé de l’empoisonner lors d’un voyage en Grèce… Inexplicablement, il reste avec sa femme mais entamera discrètement une procédure de divorce. Et il manœuvre pour modifier le contrat prénuptial…
Pas de massage cardiaque prodigué…
Aux termes de ce contrat, si Éric venait à mourir, presque toute la fortune devait passer à sa femme. Mais à son insu, au début de l’année, il transfère dans un trust la maison familiale, tous ses biens personnels et ses intérêts dans son entreprise. Pas loin de 4 millions de dollars au total. Il a ensuite placé le trust sous le contrôle exclusif de sa sœur aînée, Katie. Lorsqu’elle apprend la nouvelle quelques jours plus tard, Kouri saisit la justice.
Sait-elle que la police, alertée par les sœurs de la victime, a déjà lancé une enquête ? Les policiers ont vite découvert plusieurs échanges téléphoniques entre Kouri et une « connaissance anonyme » à qui elle réclame des analgésiques début 2022 pour un « ami investisseur qui s’était fait mal au dos ». Elle les obtient contre 900 dollars, mais réclame peu après de nouveaux médicaments, plus forts, « ces trucs qu’aimait bien Michael Jackson ». La connaissance, un dealer connu qui collabore désormais avec la justice, lui fait passer une vingtaine de pilules illicites de fentanyl le 11 février. Même prix : 900 dollars.
Non seulement l’autopsie révèle les doses de fentanyl dans le corps d’Éric, mais les sauveteurs qui étaient intervenus le soir de sa mort déclarent que, visiblement, personne ne lui avait procuré le moindre massage cardiaque.
Source: Le Parisien