Résultat des élections en Turquie : quel score pour Erdogan ?

May 14, 2023
147 views

TURQUIE. Ce dimanche 14 mai, les Turcs sont appelés aux urnes lors d'élections générales qui combinent les élections présidentielles et législatives. Les premiers résultats communiqués par les médias turques montrent que Recep Tayyip Erdogan et son rival Kemal Kiliçdaroglu sont au coude-à-coude au premier tour.

[Mis à jour le 14 mai 2023 à 20h43] Au pouvoir depuis 20 ans en Turquie, Recep Tayyip Erdogan va-t-il conserver son poste de chef de l'Etat ? 64 millions d'électeurs turcs étaient appelés aux urnes à travers le pays ce dimanche 14 mai, lors d'élections générales qui regroupent à la fois les élections présidentielles et législatives. Comme annoncé dans les sondages, le président sortant et son principal opposant, Kemal Kiliçdaroglu, sont au coude à coude, selon les premiers dépouillages d'urnes. Pour le moment, Recep Tayyip Erdogan est crédité de plus de 52,12% des voix après le dépouillement de 49,28% des bulletins, et ce d'après l'agence officielle Anadolu. Kemal Kiliçdaroglu aurait, quant à lui, 42,01% des suffrages exprimés et Sinan Ogan, 5%. Toutefois, l'agence de presse privée annonce des chiffres bien différents. Kemal Kiliçdaroglu serait devant avec 47,25% des voix, contre 46,98% pour le président sortant.

Kemal Kiliçdaroglu bénéficie du soutien d'une coalition de six partis, dont le parti fondé par Atatürk, le fondateur de la Turquie. Après avoir été élu dès le premier tour lors des dernières présidentielles en 2018, il semble peu probable que Recep Tayyip Erdogan le soit à nouveau ce dimanche. En effet, le séisme qui a ravagé la Turquie en février dernier a mis en lumière la fragilité économique du pays et a suscité des critiques sur la gestion du pouvoir lors de cette catastrophe naturelle. Cette crise a affecté la popularité d'Erdogan et a contribué à renforcer la position de ses rivaux politiques. Jeudi 11 mai, Muharrem Ince, l'un des candidats à l'élection présidentielle, s'est retiré de la course, craignant que sa candidature n'empêche le principal candidat de l'opposition de l'emporter. Bien qu'il n'ait obtenu que 4% des intentions de vote, son retrait a été perçu comme un geste en faveur de l'unité de l'opposition contre Erdogan. Les résultats s'annoncent indécis. Vous pouvez les suivre en temps réel ici.

Si Kemal Kiliçdaroglu remporte l'élection présidentielle, cela pourrait entraîner un changement significatif dans la politique intérieure et étrangère de la Turquie. La relation entre la Turquie et l'Union européenne pourrait se normaliser, tandis que les relations avec la Russie pourraient se tendre. Cependant, la situation est encore très incertaine et tout reste possible. Les élections de ce dimanche sont donc observées de près par la communauté internationale, au vu de ses potentielles conséquences sur la scène diplomatique.

64 millions d'électeurs turcs sont appelés à se prononcer lors des élections générales ce dimanche 14 mai, qui combinent les élections présidentielles et législatives. Les bureaux de vote ont ouvert à 8h (7h en France) ce dimanche matin partout dans le pays, indique franceinfo. Les deux principaux candidats, Recep Tayyip Erdogan et son rival Kemal Kiliçdaroglu, ont voté dans la matinée. Les bureaux de vote fermeront à 17h en Turquie, et les premières estimations officielles devraient arriver quatre heures plus tard, précise franceinfo. Avec le décalage horaire, on devrait donc les connaître vers 20h en France. Les résultats sont à découvrir en temps réel ici.

Les Turcs sont invités à voter deux fois le même jour. Ce dimanche 14 mai, ils sont appelés à élire leurs députés ainsi que le président, si un candidat obtient la majorité absolue. Le scrutin présidentiel est le même qu'en France : uninominal majoritaire à deux tours et le président est élu pour cinq ans de mandat. Les élections législatives utilisent le scrutin proportionnel. Les députés sont 600 à être élus pour six ans. Un parti doit obtenir 7% des suffrages pour obtenir un siège.

Si aucun candidat n'obtient la majorité absolue au premier tour, un second scrutin entre les deux premiers candidats se tiendra le 28 mai pour élire le président.

Quel candidat est le favori des sondages ?

Les scores des instituts de sondages sont très serrés. Mais selon Politico, Kemal Kiliçdaroglu est annoncé comme le gagnant du premier tour avec 50% des suffrages contre 46% pour Recep Tayyip Erdogan. En cas de duel au second tour, Kiliçdaroglu l'emporterait avec 51% des voix. Compte-tenu des faibles écarts, il est donc très difficile de prédire avec succès le vainqueur du scrutin présidentiel. Les tendances pourraient également évoluer entre les deux tours, si aucun candidat n'obtient la majorité absolue au premier tour.

Quelles sont les promesses des candidats ?

Recep Tayyip Erdogan :

Erdogan souhaite conserver sa ligne économique actuelle. Il est fermement opposé aux théories économiques de base : il s'entête à baisser les taux d'intérêts malgré une inflation galopante depuis plus de deux ans. La livre turque a également perdu près de 80% de sa valeur en cinq ans face au dollar. Sur le plan international, Edrogan souhaite qu'Ankara conserve un lien fort avec la Russie alors que l'opposition souhaite se rapprocher de l'Union européenne.

Kemal Kiliçdaroglu :

L'Alliance Nationale, les six partis menés par Kemal Kiliçdaroglu, souhaite abandonner le régime présidentiel mis en place en 2018. Cela se traduit par le retour d'un système parlementaire avec à sa tête un Premier ministre élu par le Parlement. Mais pour cela, il faut réunir 3/5ème des votes des députés pour entamer une révision constitutionnelle. La coalition le souhaite pour revenir à une séparation stricte des pouvoirs dans le pays.

Kiliçdaroglu a promis de libérer de nombreux prisonniers politiques s'il arrive au pouvoir. Il souhaite aussi améliorer la liberté d'expression et celle de la presse alors que la Turquie est classée en "situation très grave" selon Reporters sans frontières. Par contre, son alliance ne s'est pas positionnée sur les Kurdes, un sujet très critique en Turquie. Elle entend pouvoir renvoyer en Syrie les plus de trois millions de réfugiés syriens vivant actuellement en Turquie.

La situation économique de la Turquie

Selon Le Monde, la livre turque est en chute libre : - 28% face au dollar en 2022 et -44% en 2021. Si l'inflation fait beaucoup parler en France, les Turcs ont subi une hausse de 108,7% en un an dans un pays ou plus de la moitié des salariés gagnent moins de 300 euros par mois.

Mais la Turquie est un paradoxe : c'est l'un des rares pays à garder une croissance positive en 2020. Le taux de croissance en 2022 est de 7,6% contre 0,5% en France. Dans le même temps, le chômage diminue depuis deux ans. Le contexte économique est donc un véritable casse-tête à décrypter.

Haluk Levent, professeur d'économie à l'université d'Istanbul, décrypte la situation : "Le pouvoir a fait le choix d'une politique économique populiste et ultralibérale, uniquement tournée vers la production et la construction. C'est très profitable aux petits commerçants et entrepreneurs, son vivier électoral et aux banques." Il est très pessimiste sur l'avenir de son pays : "le système mis en place aboutit à gonfler une bulle extrêmement dangereuse, bâtie sur la dette privée, dont on imagine mal ne pas voir un jour l'implosion".

Les deux candidats ont des visions très différentes pour leur pays. Ainsi, le président sortant, Recep Tayyip Erdogan souhaite bâtir une "Deuxième République", marquée plus religieusement. Depuis que l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne a été refusée, les relations entre la Turquie d'Erdogan et l'UE sont tendues. Le président sortant se tourne plus facilement vers d'autres dirigeants. Sa candidature est soutenue par la Russie, la Chine ou encore l'Iran, rapporte Franceinfo.

De son côté, Kemal Kiliçdaroglu promet la fin d'un régime hyperprésidentiel et davantage de démocratie. La coalition de partis d'opposition souhaite se touner vers l'Europe. Plusieurs prisonniers et exilés espèrent une amnistie, tandis que le principal opposant a déjà promis de faire libérer le leader kurde Selahattin Demirtas et le mécène Osman Kavala, souligne Le Monde.

Source: Linternaute.com