Wuambushu : Salime Mdéré, élu de Mayotte, indigne après ses propos sur les jeunes délinquants

April 25, 2023
435 views

CHAFION MADI / AFP CHAFION MADI / AFP

POLITIQUE - « Il faut peut-être en tuer. » Salime Mdéré, vice-président du conseil départemental de Mayotte, a provoqué un tollé ce mardi 25 avril après des propos très violents visant les jeunes comoriens, tenus la veille lors d’une interview sur Mayotte la 1ère.

L’élu était interrogé sur l’opération Wuambushu, qui prévoit de déloger des migrants en situation irrégulière des bidonvilles et d’expulser les sans-papiers. Salime Mdéré était plus précisément invité à réagir à un reportage tout juste diffusé et réalisé à Tsoundzou, où des affrontements ont lieu entre la police et des jeunes.

Des nouvelles de l'opération "Wuambushu" à Mayotte. En direct sur la télévision publique, le Vice-président du Cons… https://t.co/bBSOcvkTKf — Oui d'accord (@OuidaccordOK) Voir le tweet

« Je refuse de les appeler des gamins. Ces délinquants, ces voyous, ces terroristes, à un moment donné, il faut peut-être en tuer. Et je pèse mes mots », a-t-il déclaré à l’antenne. La journaliste, choquée, le prévient qu’il n’est pas possible de tenir de tels propos.

Lancé dans sa diatribe, il continue malgré tout : « Oui oui, vous ne pouvez pas me laisser, mais s’il n’y en a pas un qui est tué, il y en a toujours d’autres qui vont oser tenter de tuer des policiers. S’ils tuent des policiers, la légitime défense elle est où là-dedans ? »

Des propos condamnés par la gauche

Le journal télévisé dans lequel il intervenait, regardé en replay par Le Huffpost, a depuis été supprimé du site de Mayotte la 1ère. « Nous avons pris la décision de dépublier le journal en raison de cet appel au meurtre. En tant que chaîne de service public, nous ne pouvions pas laisser passer de tels propos, la journaliste à l’antenne a d’ailleurs immédiatement stoppé l’élu », indique le pôle outre-mer de France télévisions au HuffPost. « Il n’y avait pas d’autre décision à prendre face à cet incident grave. »

L’extrait reste malgré tout visible sur Twitter, et de nombreuses personnalités politiques s’en sont emparées pour dénoncer les déclarations de l’élu. « Honteux. Voilà où conduit la politique de notre gouvernement. J’appelle à mettre un terme immédiat à cette opération », a écrit le député communiste Fabien Roussel. « La folie et la haine », a pour sa part commenté le député LFI Carlos Martens Bilongo.

« Il faut en tuer ! » Un élu LREM de Mayotte et vice-président du département appelle au meurtre, en direct, de je… https://t.co/Bqv7YunZ7y — Fabien Roussel (@Fabien_Roussel) Voir le tweet

L’opération raciste #Wuambushu organisée par l’état français prend une tournure dramatique. Désormais c’est le vice… https://t.co/Ey7fcxjLcg — Thomas Portes (@Portes_Thomas) Voir le tweet

« L’opération raciste Wuambushu organisée par l’État français prend une tournure dramatique. Désormais c’est le vice-président du département de Mayotte qui [appelle] à tuer des personnes. Le tout dans un silence assourdissant ici en France. Honte à ceux qui ferment les yeux », renchérit l’insoumis Thomas Portes.

L’opération suspendue à Koungou

« Est-ce que les élus LREM vont condamner ces propos insupportables du vice-président LREM du Conseil départemental de Mayotte ? », s’interroge également Manuel Bompard, le coordinateur de la France insoumise. Le maire écologiste de Grenoble Éric Piolle estime également que ces propos devaient « être condamnés sans délai ».

Est-ce que les élus #LREM vont condamner ces propos insupportables du vice-président #LREM du Conseil départemental… https://t.co/Zk7kqAMLNU — Manuel Bompard (@mbompard) Voir le tweet

Honteux ! Le Vice-président du Conseil départemental de Mayotte, élu LREM, qualifie les jeunes Comoriens de « terro… https://t.co/cFz9lR5POj — Éric Piolle (@EricPiolle) Voir le tweet

Ce mardi, l’évacuation d’un bidonville à Koungou a été suspendue la justice constatant « l’existence d’une voie de fait », tenant aux conditions d’expulsion jugées « irrégulières » par les personnes s’opposant à l’expulsion. Les avocats de la préfecture vont faire appel.

Dans le cadre de l’opération baptisée Wuambushu (« reprise » en Mahorais), la France prévoit de déloger des migrants en situation irrégulière des bidonvilles de Mayotte, 101e département français, et d’expulser les étrangers en situation irrégulière vers l’île comorienne la plus proche située à 70 km.

De nombreux migrants africains, surtout comoriens, tentent chaque année de rallier clandestinement Mayotte. Ces traversées hasardeuses prennent souvent une tournure dramatique avec des naufrages de « kwassa kwassa », petites embarcations de pêche à moteur utilisées par les passeurs.

À voir également sur Le Huffpost :

Source: Le HuffPost