En Israël, les tensions politiques s’invitent dans les hommages militaires
Des soldats israéliens au cimetière militaire du mont Herzl de Jérusalem, le 23 avril 2023. MENAHEM KAHANA / AFP
La discorde politique en Israël s’étend jusqu’aux cimetières au moment où le pays honore, mardi 25 avril, ses morts militaires. Illustration des tensions : plusieurs membres de la coalition du premier ministre, Benyamin Nétanyahou, ont accepté de ne pas se rendre aux commémorations, cédant aux demandes de familles endeuillées. C’est le cas du rabbin ultraorthodoxe Yitzchak Goldknopf – ministre du logement –, et de la « raciste » autoproclamée May Golan – députée du parti du premier ministre, le Likoud.
Des militants galvanisés par quatre mois de protestations contre le projet de réforme de la justice du gouvernement envisagent de manifester durant les hommages. Ils prennent pour cible les ministres de l’extrême droite messianique, aux ambitions conquérantes en Cisjordanie occupée, dont aucun n’a servi de façon significative dans l’armée. Vendredi 21 avril, M. Nétanyahou et les principaux chefs des partis d’opposition centristes, Benny Gantz et Yaïr Lapid, ont signé une lettre commune appelant « à laisser les divisions hors des cimetières militaires ». De son côté, M. Lapid ne se rendra pas mercredi aux célébrations de la naissance de l’Etat, en 1948, car il ne souhaite pas se mêler aux ministres « qui ont déchiré le pays depuis trois mois ».
Ces tensions révèlent la désunion du pays, alors que les négociations entre partis sur la réforme de la justice piétinent depuis début avril. « Ils pourraient tomber d’accord sur 90 % des sujets, mais ils demeurent irréconciliables sur le cœur du problème », estime Yedidia Stern, un juriste conservateur, qui a orchestré de longs conciliabules depuis janvier, en lien avec le président, Isaac Herzog. La coalition au pouvoir souhaite pouvoir désigner les juges de la Cour suprême ; l’opposition y voit une tentative illibérale – comme l’ont mis en place la Hongrie et la Pologne – de briser tout contre-pouvoir au nom d’un programme radical.
Or M. Nétanyahou ne paraît plus disposer du capital politique nécessaire pour relancer ce projet, à l’ouverture de la session d’été de la Knesset, le 2 mai. Le Likoud est en chute libre dans les enquêtes d’opinion et, depuis mars, son rival, l’ancien chef d’état-major Benny Gantz, le distance comme premier ministre souhaitable dans les enquêtes d’opinion.
La foi et l’armée
Dans ce contexte de tensions politiques, le débat s’est déplacé sur un dossier à peine moins inflammable en ces jours de commémorations militaires. Les partis juifs ultraorthodoxes exigent que les étudiants en religion soient exemptés du service national et obligatoire dans l’armée. Le projet entend légaliser l’exemption de fait dont leurs jeunes bénéficient depuis la fondation de l’Etat. Forts de 18 sièges sur 120 au Parlement, ils menacent de bloquer l’adoption du budget, en mai, si une telle loi n’est pas votée.
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Source: Le Monde