Le HHC, nouveau cannabis de synthèse en vente libre, suscite l’inquiétude

May 15, 2023
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COLCANOPA

Existe-t-il désormais un « joint légal » ? L’expression fait florès ces dernières semaines pour raconter l’essor d’une nouvelle substance arrivée sur le marché français depuis près d’un an : le HHC, pour hexahydrocannabinol. Huile, bonbons, fleurs, à fumer ou à vaporiser… ce cannabinoïde de synthèse – soit l’une des molécules de la plante de chanvre (communément appelée cannabis) obtenue après des opérations chimiques – a déferlé dans les boutiques « bien-être », spécialisées jusqu’ici dans le CBD (cannabidiol) et sur les sites de vente en ligne.

Les mêmes effets planants, euphorisants, désinhibiteurs, le même processus de consommation possible sous forme de joints, une composition similaire : le HHC ressemble à s’y méprendre au THC (tétrahydrocannabinol), la substance responsable des effets psychotropes du cannabis, classé pour cette raison comme un stupéfiant et interdit à la consommation en France. Sauf qu’il circule, lui, librement.

Chez les médecins, l’inquiétude monte. « C’est une question de cohérence en termes de santé publique, explique Nicolas Authier, pharmacologue et psychiatre. Quand on observe une similarité chimique avec le THC, de mêmes effets, avec une molécule qui agit sur les mêmes récepteurs, est-ce qu’on attend d’observer des complications ou bien doit-on agir préventivement ? » Les effets indésirables du psychotrope ne devraient pas manquer, eux aussi, d’être constatés également pour le HHC. « Cela n’a rien à voir avec le CBD », précise le médecin, à propos de ce « cannabis-bien-être » recherché pour son effet relaxant et autorisé, n’étant pas considéré comme un stupéfiant, « en raison de l’absence de risque de dépendance ».

Fiole en apparence anodine

Pourquoi le HHC est-il en libre accès ? Quel est le statut de ce nouveau venu ? Impossible de répondre clairement à cette question sur cette création chimique synthétisée pour la première fois dans les années 1940. Selon Yann Bisiou, enseignant-chercheur à l’université Paul-Valéry à Montpellier et spécialiste du droit de la drogue, il s’agit de définir si cette substance, par sa structure chimique, appartient bien à l’une des sept familles de cannabinoïdes de synthèse classées par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) comme stupéfiant. Ce qui, selon ses consultations auprès de pharmacologues, est le cas du HHC. « Il n’y a pas de vide juridique, affirme le juriste. Il s’agit seulement d’une incertitude pharmacologique sur la nature de ce produit, qu’il faut trancher au plus vite. »

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Source: Le Monde