Pesticides et engrais, causes majeures de l’effondrement des populations d’oiseaux en Europe

May 15, 2023
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Bruant proyer (« Emberiza calandra »), dans des vignes à Cosne-sur-Loire (Nièvre), en décembre 2012. PIERRE VERNAY/BIOSPHOTO

Les éoliennes, l’urbanisation, la perte d’habitat, l’éclairage nocturne, le changement climatique, la chasse ou même la prédation par les chats. La multitude de causes potentielles de l’écroulement des populations d’oiseaux européennes est, de longue date, l’un des prétextes de l’inaction politique. Publiés lundi 15 mai dans Proceedings of the National Academy of Sciences, la revue éditée par l’Académie des sciences américaines, des travaux européens d’ampleur inédite dissipent largement le brouillard bien commode de la « multifactorialité ». Ils parviennent à établir, pour la première fois, une hiérarchie générale des causes du déclin des populations aviaires sur le Vieux Continent et pointent les usages de pesticides et d’engrais de synthèse comme le facteur majeur, devant le réchauffement.

« L’impact négatif considérable de l’intensification de l’agriculture sur les oiseaux a été signalé depuis longtemps, en particulier pour les oiseaux des terres agricoles et les oiseaux insectivores, mais notre étude fournit cette fois des preuves solides d’un effet direct et prédominant des pratiques agricoles à l’échelle du continent », écrivent les auteurs. En clair : l’intensification de l’agriculture, indexée par l’intensité des usages des intrants de synthèse (pesticides et engrais), est la cause majeure du déclin de nombreuses espèces aviaires présentes ou non dans les zones agricoles.

Les Pays-Bas, la République tchèque, l’Irlande et la France sont les pays européens où l’intensification des pratiques agricoles a le plus fortement progressé ces dernières années, selon l’indice construit par les chercheurs.

La chute d’abondance des oiseaux d’Europe est vertigineuse. Elle atteint 25 % pour l’ensemble des espèces suivies sur les trente-sept années d’étude, tout en tenant compte des augmentations d’effectifs d’espèces qui prolifèrent au contact des activités humaines. Au total, ce sont donc environ 800 millions d’oiseaux en moins par rapport à il y a quarante ans. Pour les espèces inféodées aux plaines agricoles, la chute, spectaculaire, atteint 60 %. Les effectifs d’oiseaux des milieux urbains déclinent en moyenne de 28 %, ceux des milieux boisés de 18 %.

Fluctuations des différentes pressions

Pour mener leur analyse, les chercheurs ont utilisé les données disponibles les plus exhaustives, issues du programme de suivi paneuropéen des oiseaux communs : plus de 20 000 sites dispersés dans 28 pays d’Europe ont été surveillés suivant un protocole standardisé et la présence de 170 espèces différentes y a été régulièrement évaluée.

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Source: Le Monde