Affaire Bismuth : Nicolas Sarkozy à nouveau condamné en appel

May 17, 2023
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Nicolas Sarkozy arrive à la cour d’appel de Paris, le 17 mai 2023. BERTRAND GUAY / AFP

Nicolas Sarkozy est une nouvelle fois condamné dans l’affaire Bismuth. Les juges de la cour d’appel de Paris ont confirmé, mercredi 17 mai au matin, la décision de première instance dans ce dossier de corruption et de trafic d’influence, en se montrant plus sévères que le parquet qui n’avait requis que du sursis. Les magistrats condamnent l’ancien chef de l’Etat à trois ans de prison, dont un an ferme, et trois ans d’interdiction des droits civiques, pour avoir, avec l’aide de son avocat Me Thierry Herzog – condamné à trois ans d’interdiction d’exercer –, noué un « pacte de corruption » avec Gilbert Azibert, un magistrat de la Cour de cassation, afin d’obtenir des informations sur les décisions concernant M. Sarkozy. MM. Herzog et Azibert sont condamnés à la même peine. L’ancien président de la République, le premier de l’histoire à être condamné à une peine ferme, a annoncé son intention de se pourvoir en Cassation.

Le dossier Bismuth est une méta-affaire, conséquence d’autres dossiers judiciaires notoires auxquels sont confrontés Nicolas Sarkozy et Thierry Herzog. L’affaire Woerth-Bettencourt d’abord, dans laquelle la milliardaire Liliane Bettencourt avait été soupçonnée d’avoir remis de l’argent à des personnalités politiques, dont Nicolas Sarkozy, et bénéficié en échange de la mansuétude du ministère des finances, alors dirigé par Eric Woerth, avant que la justice mette fin aux poursuites. L’affaire des soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle de 2007 ensuite, pour laquelle le Parquet national financier (PNF) a requis, jeudi 11 mai, un procès contre M. Sarkozy.

En janvier 2014, l’ancien chef de l’Etat et son conseil avaient cherché à obtenir des informations sur ces deux procédures judiciaires et notamment sur une décision de la Cour de cassation, qui devait statuer sur la communication des agendas présidentiels de Nicolas Sarkozy aux magistrats instructeurs chargés du dossier Bettencourt.

Un simple « coup de pouce »

Pour cela, les deux hommes s’étaient adressés à un magistrat en poste à la Cour de cassation, Gilbert Azibert. Contre la promesse d’une intervention de M. Sarkozy afin de lui obtenir un poste au sein de la Cour de révision de la principauté de Monaco, celui-ci s’était engagé à obtenir des informations internes sur les débats au sein de la chambre criminelle de la Cour de cassation au sujet des agendas.

Afin de communiquer facilement, M. Sarkozy et son « ami de trente ans », Thierry Herzog, qui se savaient sur écoutes sur leurs téléphones officiels, ont eu recours à une autre ligne, ouverte par Me Herzog sous un faux nom, celui de Paul Bismuth, un ancien camarade de classe de l’avocat. Mais les deux hommes ignorent, que les juges qui enquêtent sur l’affaire libyenne ont également placé sur écoutes la ligne dite « Bismuth », et découvert leurs manœuvres pour obtenir des informations par le truchement de M. Azibert. Un « pacte de corruption », estimera le parquet, là où Nicolas Sarkozy évoquera pour sa défense un simple « coup de pouce », comme il en a donné « toute sa vie ».

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Source: Le Monde