Réforme des retraites : les DRH contraints de repenser les fins de carrière

May 17, 2023
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« Cette réforme des retraites était moins une réforme des retraites qu’une demande faite aux Français de travailler plus longtemps » : c’est par ces mots que Bruno Palier, politologue et directeur de recherche du CNRS à Sciences Po, a introduit les Rencontres RH du mardi 9 mai, qui portaient sur l’impact de la réforme des retraites dans les entreprises.

Une dizaine de responsables des ressources humaines se sont retrouvés à ce rendez-vous mensuel de l’actualité du management, créé par Le Monde en partenariat avec ManpowerGroup et Malakoff Humanis, pour échanger sur leur politique, et plus particulièrement sur la question des seniors une fois la réforme appliquée.

Le politologue, également auteur de Réformer les retraites (Presses de Sciences Po, 2021), a décrit en quelques mots la situation des actifs proches des 62 ans sur le marché du travail : « La moitié des Français ne sont plus en emploi à l’âge de partir à la retraite ; les quelques mois de travail supplémentaires demandés à ceux qui sont proches de l’âge de départ n’ayant pas été pris en compte dans les négociations de rupture conventionnelle, avec la réforme de l’assurance-chômage, ils tombent directement dans un sas de précarité. Enfin, ceux qui restent n’ont pas envie de travailler plus longtemps dans des conditions de travail qui se sont dégradées, parce que le travail a été considéré comme un coût. »

Ce qui, du côté des entreprises, s’est traduit par quatre stratégies de compétitivité, explique-t-il en substance : délocaliser, sous-traiter (avec un moindre accès à la formation et à l’évolution de carrière), se débarrasser des salariés les plus coûteux (à savoir les seniors) et intensifier le travail de ceux qui restent.

Nouvelle donne

« La stratégie de se débarrasser des seniors était une réalité quand on est passé de 60 à 62 ans, réagit Adrien Barre, directeur du développement de la transition emploi-retraite du cabinet de conseil Diot-Siaci. Aujourd’hui, la moitié des entreprises nous contactent pour demander comment garder leurs salariés. » Stéphanie Carles, directrice des relations sociales de bioMérieux, explique comment, dans son entreprise de microbiologie, « la réforme des retraites a remis sur le tapis la problématique d’accompagnement, avec une forte demande des collaborateurs » : « On a beaucoup de salariés en horaires décalés, ce sujet était déjà pris en main depuis des années, mais aujourd’hui on a un énorme casse-tête avec les seniors itinérants qui ne veulent plus prendre la route et qu’il faut replacer, y compris géographiquement, ce qui est quasiment impossible. »

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Source: Le Monde