Dix ans du mariage pour tous : chez les maires opposés en 2013, certains marient, d’autres pas

May 17, 2023
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Ils sont aux premières loges du mariage pour tous. Et pour cause : ce sont eux, les maires – et leurs adjoints – qui les célèbrent depuis la promulgation, le 17 mai 2013, de la loi ouvrant le mariage aux personnes de même sexe. Il y a dix ans, lors des débats enflammés ayant précédé l’adoption du texte, certains élus avaient dit haut et fort qu’ils ne célébreraient pas de telles unions. La sortie de François Hollande, invoquant, en novembre 2012, la « liberté de conscience » des édiles devant le congrès des maires de France, et rappelant la possibilité de déléguer la tâche à leurs adjoints, avait tracé cette possibilité.

Un sondage IFOP de février 2013 avait montré que 52 % des maires étaient opposés à cette réforme. Dix ans plus tard, qu’en est-il ? « On constate une amélioration certaine. Nous avons moins de signalements de maires qui refusent, moins de cérémonies qui se passent mal », se réjouit Nicolas Faget, porte-parole de l’Association des parents et futurs parents gays et lesbiens. Et ce, reconnaît le militant, « malgré la présence de quelques actes homophobes ou de formulaires inadaptés ». M. Faget évoque des agents municipaux donnant du « madame, monsieur » à des couples homosexuels, ou des élus procédant en personne à tous les mariages prévus dans une même journée, à l’exception de celui qui concerne deux personnes de même sexe, réservé à un adjoint.

En dix ans, les maires ont évolué – surtout à droite, puisque la réforme a été portée par la gauche. Le mariage pour tous a trouvé sa place sur les bans publiés en mairie, y compris chez les opposants d’alors. Ce que l’Association des maires de France confirme : « On n’a plus de remontées, le sujet n’est plus du tout abordé en réunion. »

Chez les édiles, on trouve néanmoins encore des résistances. « J’en rencontre toujours qui ne sont pas d’accord avec la loi, et d’autres qui sont pour. Il y a tous les cas de figure », affirme Franck Meyer, maire centriste de Sotteville-sous-le-Val (Seine-Maritime) et ancien porte-parole de La Manif pour tous. Lui-même reconnaît que son mouvement, Maires pour l’enfance, créé il y a dix ans et revendiquant alors plus de 20 000 officiers d’état civil (dont 12 000 maires), est en sommeil, signe d’une normalisation progressive de la réforme. Le collectif n’a pas été réactivé après les élections de 2020. « Ce n’est pas le sujet du moment, balaie M. Meyer. On a fait face à des crises importantes. »

« J’ai changé d’optique »

A l’instar des ministres de l’intérieur, Gérald Darmanin, et de la transition écologique, Christophe Béchu, qui ont reconnu récemment avoir changé d’avis sur le mariage pour tous, de nombreux maires ont fait ce chemin, voire l’ont expérimenté eux-mêmes. Non seulement Gil Avérous, élu Les Républicains (LR) de Châteauroux, procède à des mariages de personnes de même sexe, mais il épousera son compagnon dans quelques semaines. « J’étais pour le contrat d’union civile qu’avait proposé Nicolas Sarkozy. J’étais persuadé que le mariage créerait des tensions dans la société française. Maintenant, les choses sont faites, et bien faites. Pas question de le remettre en cause », avait-il rappelé il y a quelques années dans La Nouvelle République.

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Source: Le Monde