Huit militants d’extrême droite condamnés pour des violences racistes à Bordeaux
Les juges n’ont pas cru aux hasards. Le 16 mai 2023, le tribunal correctionnel de Bordeaux a déclaré huit militants d’extrême droite coupables de violences racistes et d’outrages sexistes. Ils ont été pour la majorité condamnés, conformément aux réquisitions, à deux ans de prison dont un de sursis probatoire avec notamment l’obligation d’effectuer un stage de lutte contre les discriminations et à une détention à domicile sous surveillance électronique pour la partie ferme. Dix prévenus s’en sortent avec six mois ferme de moins, dont un, repenti, seul présent au moment du délibéré.
Le 25 juin 2022, armé, le visage masqué, habillé de noir, le groupe avait fait irruption dans le quartier Saint-Michel à Bordeaux, provoqué des passants, imité des cris de singes, scandé, bras tendus et levés, « Bordeaux nationaliste », groupuscule d’extrême droite dissous depuis. Des vidéos ayant fait le buzz avaient permis à leur arrestation.
Les faits s’inscrivent dans un contexte de répétition d’actes de discrimination, recensés à cette période à Bordeaux, allant du tag de locaux associatifs aux injures lors de la marche des Fiertés, en passant par la dégradation de passages piétons arc-en-ciel. « Il faut leur montrer judiciairement et politiquement qu’ils n’ont pas leur place », clamait Me Arié Alimi, avocat d’une partie civile, à l’ouverture du procès le 23 mars.
Durant l’audience, décomplexés ou plus taiseux, les prévenus ont répété que leur déambulation nocturne, dans un quartier réputé hostile à leurs idées, n’était en aucun cas de la provocation. Ils avaient surtout résumé la soirée à « une sortie entre potes », ou « une tournée des bars ». Voire à « de la virilité mal placée, un défi lancé avec l’alcool », selon l’avocat de six d’entre eux, Me Émile Tribalat, qui voulait « faire abstraction du voile politico-médiatique ». « Mais comme on est militants de droite, on vient accoler un truc politique », avait déploré, un des prévenus, se servant du tribunal comme d’une tribune.
« Les propos racistes transpirent »
Leurs explications avaient donné lieu à un florilège de tentatives de justification. Leur photo, prise dans une attitude conquérante devant le bar « Le Singe vert » et postée comme un trophée sur Telegram ? « Une photo souvenir dénuée d’arrière-pensée », a juré un prévenu. Les saluts nazis qui apparaissent sur les vidéos ? « Pour le salut nazi, j’étais bourré », a admis l’un. « C’est un mouvement qu’on voit dans tous les stades », a relativisé un autre. Les cris de singe entendus par des témoins ? « C’étaient des cris de spartiates », a rectifié encore un autre. « Et puis je fais du rugby, ce sont des cris qu’on peut entendre sur le terrain. »
Il vous reste 27.41% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
Source: Le Monde