Pour faire face aux violences contre les élus, le gouvernement présente un " pack sécurité "
La mairie de Saint-Brevin-les-Pins, en Loire-Atlantique, le 11 mai 2023. THOMAS LOUAPRE/DIVERGENCE POUR « LE MONDE »
Pour renforcer la sécurité des élus locaux, un enjeu devenu ultrasensible depuis la démission du maire de Saint-Brevin-les-Pins (Loire-Atlantique), le 10 mai, le gouvernement a annoncé, mercredi 17 mai, la création d’un « pack sécurité ». Ce dispositif opérationnel d’intervention qui a vocation à s’adresser à tous les élus sera déclenché localement.
C’est précisément parce que Yannick Morez et sa famille ont commencé à se sentir vraiment en danger, après l’incendie qui a détruit en mars ses deux voitures et une partie de sa maison, que le maire de Saint-Brevin (divers droite) a fini par jeter l’éponge. En butte aux intimidations récurrentes de l’extrême droite depuis de nombreux mois après que l’Etat eut décidé de l’installation pérenne d’un centre d’accueil de demandeurs d’asile sur sa commune, l’élu a dû assumer seul le projet, compte tenu du « manque de soutien de l’Etat », a-t-il déploré.
Sa démission, qui a fait l’effet d’une bombe, intervient dans un contexte de très forte augmentation des agressions d’élus : entre 2021 et 2022, le nombre de faits répertoriés est passé de 1 720 à 2 265, soit un bond de 32 %. Selon l’entourage de la ministre déléguée aux collectivités territoriales, Dominique Faure, la tendance se poursuit, puisque le premier trimestre de l’année s’est de nouveau conclu sur une hausse (2,2 %). Et, dans 5 % à 7 % des cas, il s’est agi de violences physiques.
Intervention plus rapide et vigilance accrue
C’est pour répondre à l’émoi national qui a suivi la démission de M. Morez que le Sénat puis la première ministre, Elisabeth Borne, l’ont reçu, mercredi 17 mai. Dominique Faure, également présente à l’entrevue de Matignon, devait détailler à 20 heures quelle sera la réponse du gouvernement.
La nouveauté réside donc dans ce « pack sécurité » qui doit être activé pour accompagner un élu agressé. Sur tout le territoire, 3 400 fonctionnaires, dépendant d’une gendarmerie ou d’un commissariat, seront désignés pour être les interlocuteurs privilégiés des victimes. Tous les signalements seront enregistrés dans un fichier. Une opération censée permettre une intervention plus rapide en cas d’appel au 17 et accroître la vigilance des gendarmes lorsqu’ils effectuent leurs rondes.
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La mise en œuvre du « pack sécurité » déclenchera également « une évaluation du risque » afin d’adapter les mesures de protection. De même, les plaintes pourront dorénavant être recueillies au domicile de l’élu ou en mairie. L’entourage de Mme Faure note en effet que les victimes répugnent parfois à se rendre à la gendarmerie. En outre, 900 policiers et 5 000 gendarmes seront sensibilisés à la sûreté des élus. Enfin, la plate-forme officielle de signalement Pharos, qui permet de détecter les violences, les menaces ou l’apologie du terrorisme, l’incitation à la haine raciale ou les discriminations s’exprimant sur Internet, sera mobilisée pour les contenus haineux visant les élus.
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Source: Le Monde