L’ex-compagne de Gaspard Ulliel, Gaëlle Pietri, se livre : " Six personnes greffées vivent grâce à lui "

May 17, 2023
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On la retrouve dans la cour du charmant Hôtel des Saints-Pères, qui jouxte sa maison d’édition Grasset dans le très chic VIe arrondissement parisien. À 38 ans, Gaëlle Pietri, mannequin, est venue nous parler du livre qu’elle vient de publier, « le Temps de te dire adieu » (150 p., 17 euros), sur Gaspard Ulliel, mort le 19 janvier 2022. Lui qui, avant d’être une star du cinéma, fut son amoureux et le père de son petit garçon, Orso, 7 ans.

Elle a voulu prendre la plume pour apaiser sa douleur et apprendre à apprivoiser l’absence. Un hommage à Gaspard Ulliel, dont elle était séparée au moment du drame. Et un testament pour son enfant. Jean, basket et chemisier noir, la jeune femme, se souvient. Quand les cloches de Saint-Germain-des-Prés se mettent à sonner, Gaëlle Pietri raconte.

Pourquoi ce livre ?

GAËLLE PIETRI. J’ai toujours écrit, et après la mort de Gaspard j’ai eu besoin de coucher mes maux et mes souffrances. C’était une manière de traverser le chagrin. J’avais besoin de me replonger dans nos souvenirs, de fixer une image de Gaspard. Mais avant, je voulais laisser quelque chose à mon fils. Ce récit est une lettre d’amour pour son père et lui, qu’il pourra lire quand il sera plus grand. C’est un testament pour Orso.

Que répondez-vous à ceux qui trouvent que ce récit manque de pudeur ?

Dans la séparation avec Gaspard, qui a été très violente, comme dans la mort du père de mon fils, j’ai toujours trouvé refuge dans la littérature. J’ai trouvé un écho à ma souffrance dans des récits. « L’Année de la pensée magique » de Joan Didion, « J’ai réussi à rester en vie » de Joyce Carol Oates, « Vivre vite » de Brigitte Giraud ou encore « Réparer les vivants » de Maylis de Kerangal. Ces livres ont été très importants pour moi. Lire, c’est une manière de transcender la douleur et j’espère que mon livre pourra à son tour aider des gens frappés par le deuil. J’ai reçu énormément de messages de personnes qui me remerciaient, car eux aussi auraient aimé apaiser leurs douleurs avec des mots.

Ce livre vous a-t-il fait du bien ? Comment va votre enfant ?

Depuis février, Orso va beaucoup mieux. La première année a été extrêmement compliquée, il était très en colère. Il a fallu passer toutes ces premières fois sans son père : Noël, son anniversaire, la rentrée des classes… Depuis trois mois, il est plus apaisé et peut-être moi aussi. Est-ce le livre, mon fils qui va mieux ? Sûrement les deux.

Il veut toujours être acteur ?

Et réalisateur. Il veut tourner des films d’aventures… mais dans lesquels on n’embrasse pas de filles (rires).

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Vous écrivez qu’à l’heure de l’accident, vous avez vous-même été prise de douleurs au ventre d’une rare violence ?

C’était une très belle journée. J’étais allée récupérer mon fils à l’école, à 16h15 exactement. Il n’avait pas envie d’aller au parc et on est rentrés à la maison directement. À peine arrivée, je me suis écroulée dans la salle de bains. Je n’ai jamais eu aussi mal au ventre de toute ma vie, j’avais l’impression de recevoir des coups de couteau. Mon fils m’a caressé le front en me disant : « Tu ne vas pas mourir sinon je vais rester seul avec papa. » La douleur est passée. Puis un ami de Gaspard m’a appelée pour me dire qu’il avait eu un accident grave. ll a eu lieu au même moment où je m’écroulais de douleur chez moi…

Comment dire à un petit garçon qu’il est orphelin de père ?

On fait comme on peut. Il faut trouver les mots simples et justes. Je lui ai dit en deux fois, je ne suis pas arrivée à lui annoncer la première fois… Orso me demande régulièrement ce qui se passerait s’il m’arrivait quelque chose. Je me refuse de lui dire que je serai toujours là. Je ne veux pas lui mentir, et encore plus depuis le drame. J’essaye toujours d’être la plus transparente possible et de lui donner des clés pour être autonome.

Vous racontez dans le livre que faire don des organes de Gaspard était « la seule chose à faire »…

C’était une évidence pour ses parents et moi. Le dernier message que je lui ai envoyé concernait un ami dont le fils de 4 ans atteint d’une leucémie avait besoin d’un don de plaquettes… Grâce à Gaspard, six personnes vivent, car les greffes ont marché. C’est concret et c’est magnifique.

Source: Le Parisien