À Chevilly, Bruno Le Maire inaugure l'usine d'HappyVore... une jeune entreprise qui ne manque pas d'appétit !
Ils ont mis les petits plats dans les grands... Et savouré leur succès au goût de "start-up nation". Ce mercredi 17 mai, Guillaume Dubois et Cédric Meston, les cofondateurs d’HappyVore, ont inauguré leur première usine, située à Chevilly, en présence du gratin de la politique et de l’entrepreneuriat. Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, en tête.
L’entreprise HappyVore, créée en 2019 sous le nom Les Nouveaux fermiers, ambitionne de devenir la numéro un française des alternatives végétales à la viande. Au sein de son site loirétain, depuis février 2023, sont produits des steaks, chipolatas, merguez, aiguillettes, lardons, nuggets... à partir de protéines végétales et d’arômes naturels.
Comment des végétaux peuvent-ils ressembler à de la viande ? Pour y parvenir, HappyVore utilise une base de protéines végétales, qui donnent la texture du produit, des huiles, de la betterave en guise de colorant ainsi que des épices, des herbes et des arômes naturels. "Nous utilisons des ingrédients français ou européens", indique Guillaume Legay, spécialisé dans la recherche et développement. Les protéines proviennent de pois (steaks, chipolatas, merguez, haché), de blé (escalopes panées, nuggets) et de soja (aiguillettes, lardons). HappyVore travaille avec des aromaticiens. "Ces gens sont comme les nez en parfumerie ou les œnologues dans le domaine du vin. Ils nous aident à développer des arômes les plus proches de leurs équivalents carnés. La priorité, c’est que ça soit bon", ajoute Guillaume Legay.
"Il faut que cette nourriture soit source de plaisir"
Lorsqu’ils ont lancé leur start-up, Guillaume Dubois et Cédric Meston sont partis de ce postulat :
"L’alimentation représente un quart des émissions de CO2 dans notre pays. Passer à une alimentation plus végétale est la première chose qu’on puisse faire pour diminuer notre impact carbone. Pour aider les consommateurs, il faut que cette nourriture soit bonne, source de plaisir."
Afin d’élaborer des recettes "saines, gourmandes et bonnes pour l’environnement", les deux amis, âgés de 35 et 29 ans, ont discuté "avec une centaine de scientifiques, des chefs cuisiniers, fait plus de mille essais".
En cinq mois, les cofondateurs d’HappyVore et leur équipe ont lancé un premier produit. L’arrivée du Covid-19 a momentanément coupé leur élan, même si la start-up a vite rebondi. "Nous avons communiqué sur les réseaux sociaux et créé un site d'e-commerce. À la sortie du premier confinement, dès juin 2020, notre marque arrivait dans la grande distribution", rappelle Cédric Meston.
Visite d'une trentaine de friches industrielles
Pendant plus de deux ans, l’entreprise a confectionné ses aliments en Normandie, dans un établissement qui n’était pas le sien. Cependant, depuis le début de leur aventure, l’idée d’une usine HappyVore trottait dans la tête de Guillaume Dubois et Cédric Meston pour "innover davantage, développer les filières agricoles, diminuer les prix pour les consommateurs. Un point crucial car il faut que l’alimentation végétale soit moins chère. Depuis nos débuts, nous avons d’ailleurs baissé nos prix de 30 %, en optimisant les process."
Dès fin 2020, les ingénieurs de formation ont visité une trentaine de friches industrielles, partout dans l’Hexagone. Ils ont finalement jeté leur dévolu sur les locaux occupés par le groupe Labeyrie Fine Foods jusqu'en 2018. Les explications de Guillaume Dubois :
"Le Centre-Val de Loire est une région stratégique, centrale. Chaque semaine, des centaines de milliers de nos produits partent du Loiret et arrivent en moins de vingt-quatre heures dans nos différents points de vente."
La région, agricole, doit aussi permettre à HappyVore de collaborer avec des paysans locaux : "Ici, il y a de la pomme de terre, de la betterave rouge, des ingrédients qui ont de l’avenir pour nous", ajoute-t-il. Par exemple, HappyVore travaillera avec la start-up Intact, située à Baule. Celle-ci lui vendra ses protéines végétales, fabriquées à partir de pois.
Recrutement
L’usine de Chevilly et le développement de l’entreprise représentent plus de 35 millions d’euros d’investissement, financés en partie par France relance. La société emploie 110 salariés (150 prévus d’ici fin 2023), dont quarante dans le Loiret. Elle recherche vingt nouvelles recrues d’ici la fin du mois de juillet et, à terme, le site devrait accueillir une centaine de personnes. "Le lancement de ce site, pour nous, ce n’est pas une fin. C’est juste le début."
L’usine chevilloise produira alors 10.000 tonnes par an. À l’heure actuelle, HappyVore propose quinze références, présentes dans "70 % des supermarchés français et dans 3.000 restaurants et leurs principaux distributeurs".
À ceux qui pointent du doigt la production de substituts végétaux en raison d’une importante transformation industrielle, Guillaume Dubois et Cédric Meston répondent que leurs produits "émettent douze fois moins de CO2 et trois fois moins d’eau que leurs équivalents".
Bruno Le Maire, lui, estime qu’HappyVore, avec "ses dizaines d’emplois créés, son chiffre d’affaires (*), ses investissements, montrent qu’on peut concilier développement de l’activité économique et préservation du climat, réduction des émissions de CO2. C’est un exemple à suivre".
(*) Les cofondateurs d'HappyVore ne souhaitent pas communiquer le chiffre d'affaires d'HappyVore.
L'entreprise HappyVore implante son usine de production de "viande" végétale à Chevilly
Anne-Laure Le Jan
Source: La République du Centre