La Russie et l’Iran signent un accord pour une liaison commerciale internationale

May 17, 2023
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Vladimir Poutine et Ebrahim Raïssi lors de la signature de l’accord, le 17 mai 2023. - / AFP

Signe de l’importance donnée à l’événement, les présidents russe et iranien, Vladimir Poutine et Ebrahim Raïssi, ont supervisé mercredi 17 mai, à distance, la signature d’un accord portant sur la construction d’une ligne ferroviaire de 164 kilomètres. En discussion depuis le début des années 2000, cette ligne doit relier les villes iraniennes d’Astara, située à la frontière avec l’Azerbaïdjan et bordée par la mer Caspienne, et de Racht, plus au sud.

Cette route vise à contourner les voies maritimes traditionnelles et les sanctions internationales qui visent les deux pays. De Racht, les produits russes seront transportés par rail jusqu’aux ports du Sud, d’où ils pourront être expédiés vers l’Asie, la péninsule Arabique ou l’Afrique orientale. La Russie pourra ainsi éviter de faire passer ses marchandises par la mer Baltique, qui borde le nord de l’Europe, par la mer Noire, dont les accès sont contrôlés par la Turquie, et par le canal de Suez.

Il s’agit d’« une étape stratégique dans la coopération entre la République islamique d’Iran et la Fédération de Russie », s’est félicité le président iranien, cité par l’Agence France-Presse. Vladimir Poutine a estimé que « cette artère de transport unique Nord-Sud aidera à diversifier considérablement les flux de transport internationaux ».

« Le transport des marchandises par le nouveau corridor aura un avantage concurrentiel considérable. Ainsi, la livraison de marchandises de Saint-Pétersbourg à Bombay [en Inde] prendra environ dix jours. A titre de comparaison, le trajet via les routes commerciales traditionnelles prend jusqu’à trente, quarante-cinq jours », selon le président russe, dont l’AFP rapporte les propos.

Téhéran prévoit que la liaison ferroviaire Racht-Astara soit terminée d’ici trois ans. Avec l’objectif de faire transiter par rail jusqu’à 15 millions de tonnes de cargaisons russes par an à l’horizon 2030, selon le vice-premier ministre russe Alexander Novak, en visite en Iran cette semaine.

Liaison inscrite dans un projet d’un corridor de 7 200 kilomètres

L’objectif des deux pays − soumis à d’importantes sanctions imposées par les pays occidentaux, en particulier les Etats-Unis − est de finaliser le projet de corridor Nord-Sud de 7 200 kilomètres de long. Ce réseau de routes maritimes, ferroviaires et terrestres devrait permettre aux marchandises russes d’atteindre l’océan Indien sans passer par les voies maritimes de l’ouest et le canal de Suez. Mais ce projet a été considéré avec circonspection par de nombreux experts, notamment en raison des intérêts parfois divergents des pays impliqués. Il doit ainsi passer par l’Azerbaïdjan, qui entretient des relations tendues avec l’Iran.

Durement frappé par des sanctions liées à son programme nucléaire, l’Iran met en scène jour après jour l’amélioration de ses liens avec la Russie, la Chine et les pays arabes, notamment l’Arabie saoudite, son grand rival traditionnel au Moyen-Orient. Les annonces de coopération se sont multipliées ces derniers mois avec la Russie dans la finance, le commerce des biens de consommation ou l’énergie, même si les deux pays se retrouvent parfois en concurrence sur certains marchés, comme celui de la pétrochimie. Dernier exemple en date, la deuxième banque russe, VTB, a ouvert un bureau à Téhéran, alors que les deux banques centrales travaillent à connecter leurs systèmes de transferts interbancaires.

Dans ce contexte, les Etats-Unis s’inquiètent surtout du rapprochement dans le domaine militaire, que les deux pays sont « en train d’amplifier » à un niveau « sans précédent » selon le porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain, John Kirby. Ce dernier a cité en particulier la volonté de Moscou d’acquérir des drones iraniens plus sophistiqués après s’être fait livrer depuis le mois d’août plus de 400 drones, principalement de type Shahed, utilisés en Ukraine. Téhéran a, à plusieurs reprises, jugé « sans fondement » les accusations de fournitures d’armes à la Russie, en affirmant ne pas être partie prenante dans le conflit ukrainien.

Le Monde avec AFP

Source: Le Monde