L’automobile allemande en plein décrochage face à la Chine

May 18, 2023
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La berline électrique ID.7 de Volkswagen présentée en amont du Salon automobile de Shanghaï (Chine), le 17 avril 2023. ALY SONG / REUTERS

Mercredi 10 mai, à l’occasion de l’assemblée générale du groupe Volkswagen (VW), à Berlin, s’est produit un étonnant télescopage de deux époques. Wolfgang Porsche, membre du conseil de surveillance de VW et petit-fils de Ferdinand Porsche, concepteur de la première « voiture du peuple » allemande, la Coccinelle, fêtait ses 80 ans. Jamais la famille Porsche-Piëch, dont il est le patriarche, actionnaire majoritaire du groupe aux quelque 280 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 22,5 milliards de bénéfices en 2022, n’avait été aussi riche.

Dans le même temps, les actionnaires ont été nombreux à s’alarmer de la dramatique rupture en cours : Volkswagen a subi, au printemps, un cuisant revers, en perdant son titre de premier constructeur automobile de Chine, qu’il détenait depuis plus de deux décennies. Désormais, le chinois BYD, qui s’est lancé dans l’automobile en 2003 seulement, est leader du marché. Le déclin de VW est à considérer au regard de son énorme dépendance à la Chine : le constructeur y vend aujourd’hui quatre voitures sur dix.

Ce moment ne saurait mieux résumer la position de toute l’industrie automobile allemande. Pour Volkswagen, mais aussi Mercedes et BMW, le moment est existentiel. Les constructeurs ont affiché en 2022 des profits record, en vendant moins de véhicules, avec une plus forte marge. Mais en Chine, premier marché automobile du monde, le plus dynamique, celui où ils réalisent l’essentiel de leur bénéfice depuis une décennie, les vieux seigneurs de la berline thermique à grosse cylindrée commencent à faire figure de dinosaures.

Tous les observateurs du secteur rapportent le choc qu’ils ont ressenti lors du Salon automobile de Shanghaï, au mois d’avril. Alors qu’il y a quelques années les voitures des marques allemandes dominaient dans les rues, elles ont dorénavant laissé largement leur place à des constructeurs locaux, qui produisent des modèles à des prix abordables, dans toutes les gammes et surtout… électriques.

« On peut parler de nouvelle ère »

C’est ce bouleversement technologique éclair qui explique les pertes de parts de marché des groupes automobiles allemands en Chine. Un chiffre reflète le péril qui les guette : un quart des nouvelles immatriculations chinoises en 2022 ont été des véhicules électriques. Sur ce segment en forte croissance, VW, Audi, Mercedes et BMW n’occupent au total que… moins de 5 % des parts de marché.

Les 4,4 millions de véhicules qu’ils ont vendus en République populaire en 2022 ont essentiellement été équipés de moteurs thermiques. Certes, ils proposent des modèles électriques, mais ceux-ci n’ont pas les faveurs du public. Parmi les dix véhicules électriques les plus vendus en Chine début 2023, VW ne figure qu’à la neuvième place. Tesla est le seul constructeur étranger bien placé dans ce club dominé par les Chinois.

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Source: Le Monde