Au Royaume-Uni, Stellantis menace de fermer ses usines si le Brexit n’est pas renégocié

May 18, 2023
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Pendant les quatre années qu’ont duré les très difficiles négociations du Brexit, l’industrie automobile était au cœur des discussions. Sachant que 80 % des véhicules construits au Royaume-Uni sont exportés, la majorité dans l’Union Européenne (UE), et qu’une large partie des pièces détachées vient de l’UE, obtenir un accord pour exonérer la filière des droits de douane relevait de sa survie. Fin 2020, à l’arraché et dans le soulagement général de cette industrie, un compromis a été trouvé : aucun droit de douane n’est imposé.

Voilà pourtant que deux ans et demi plus tard, la question revient sur le tapis. Stellantis, le quatrième constructeur mondial, très présent au Royaume-Uni avec sa marque Vauxhall, menace de fermer ses usines si l’accord sur le Brexit n’est pas renégocié. Dans l’urgence, la ministre des entreprises et du commerce, Kemi Badenoch, s’est entretenue mercredi 17 mai par vidéoconférence avec des dirigeants du constructeur français. La réunion aurait été « constructive », à en croire une source citée par la BBC… Etant donné que Stellantis a deux usines et cinq mille employés outre-Manche, l’enjeu politique est important pour le gouvernement britannique.

Le problème vient de règles techniques mais essentielles comprises dans l’accord du Brexit. Pour bénéficier de l’exemption des droits de douane, il faut prouver que la marchandise est bien « made in UK » (ou « made in EU » s’il s’agit d’une exportation dans l’autre sens). Problème : avec des chaînes logistiques internationales et des composants qui viennent d’un peu partout dans le monde, à partir de quel moment peut-on considérer qu’un véhicule est « britannique » ? L’accord du Brexit a donné la réponse : il faut que 40 % de la valeur des pièces du véhicule soient fabriquées soit au Royaume-Uni, soit dans l’UE.

« Les constructeurs vont relocaliser leurs usines »

Mais ces règles vont se durcir. En 2024, elles passent à 45 %, et en 2027 à 55 %. Pour les véhicules électriques, c’est encore plus compliqué, avec une règle spécifique pour les batteries : en 2027, celles-ci devront être à 70 % fabriquées soit au Royaume-Uni, soit dans l’UE.

Or, cet objectif est aujourd’hui impossible à atteindre, avertit Stellantis. « Il n’y aura pas une production de batteries suffisantes au Royaume-Uni ou en Europe d’ici 2025 ou 2030, bien que ce soit une exigence essentielle des règles d’origine dans l’accord [sur le Brexit] », souligne Stellantis dans une note remise à un comité parlementaire britannique en février, mais révélée seulement mardi. Le Royaume-Uni n’a qu’une seule grande usine de batteries en cours de construction, près de l’usine Nissan, dans le nord-est de l’Angleterre. En Europe, les projets sont plus avancés, mais là encore insuffisants.

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Source: Le Monde