Au Pakistan, les forces de sécurité encerclent la résidence de l’opposant Imran Khan
Des partisans du gouvernement manifestent près de la Cour suprême, à Islamabad, pour protester contre la libération provisoire de l’ancien premier ministre pakistanais Imran Khan, le 15 mai 2023. AAMIR QURESHI / AFP
Le Pakistan ne connaît aucune désescalade dans la crise qui oppose le gouvernement et l’armée à Imran Khan. Bien au contraire. L’ancien premier ministre, qui avait été arrêté le 9 mai dans un tribunal d’Islamabad, placé en détention, puis libéré deux jours plus tard sur décision de la Cour suprême, est de nouveau cerné. Sa résidence, située dans le quartier chic de Zaman Park à Lahore, au Pendjab, est encerclée par les forces de l’ordre depuis mercredi 17 mai. Les autorités du Pendjab l’accusent d’abriter quarante personnes soupçonnées d’avoir participé à la destruction de biens publics à la suite de son arrestation, qui avait entraîné un immense mouvement de colère dans le pays. Depuis quelques mois, plusieurs centaines de militants gardent sa maison pour le protéger.
Avant que les forces de l’ordre se positionnent autour de sa maison, Imran Khan venait d’obtenir la prolongation, jusqu’à fin mai, de sa liberté sous caution. Visiblement, le gouvernement et l’armée ne lui laisseront aucun répit. Il est poursuivi dans le cadre de plus d’une centaine d’affaires.
La police lui a fixé un ultimatum de vingt-quatre heures, jusqu’à jeudi 18 mai à 14 heures, pour livrer les suspects. Ce délai expiré, l’incertitude domine désormais sur le sort de l’ancien premier ministre. Près de 4 000 personnes ont déjà été arrêtées, dont toute la direction du Pakistan Tehrik-e-Insaf (PTI), la formation politique d’Imran Khan. L’ancienne star de cricket parle de 7 500 arrestations et soupçonne le pouvoir de vouloir interdire son parti. Il récuse toute implication de ses partisans dans les saccages et demande la création d’une commission judiciaire dirigée par le président de la Cour suprême afin d’enquêter.
Demande d’élections
L’ancien premier ministre a immédiatement envoyé un message sur Twitter pour prévenir ses partisans, mercredi. « Probablement mon dernier tweet avant ma prochaine arrestation », a-t-il écrit. Il s’est ensuite exprimé dans une allocution télévisée « Je vois un rêve effrayant : le pays se dirige vers un désastre imminent. Je crains que le Pakistan ne se soit engagé sur la voie de la destruction. Si nous ne faisons pas preuve de sagesse maintenant, nous risquons d’arriver à un point où nous ne serons plus en mesure de rassembler les morceaux de notre pays », a-t-il déclaré. Il a de nouveau réclamé des élections, seul moyen selon lui de retrouver une stabilité politique.
En face de lui, le général Munir, le chef des armées, nommé en novembre 2022 par le premier ministre Shahbaz Sharif, n’a pas l’intention de baisser les armes. Lundi, il a promis d’utiliser la loi sur l’armée pakistanaise, qui prévoit des procès militaires à huis clos, pour poursuivre les manifestants qui ont attaqué des installations militaires, avertissant que « la retenue ne sera plus de mise ».
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Source: Le Monde