En Equateur, le président Guillermo Lasso dissout le Parlement qui le menaçait de destitution

May 18, 2023
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Le président équatorien, Guillermo Lasso, le 16 mai 2023 à Quito. DOLORES OCHOA / AP

Au premier jour de son procès en destitution, mardi 16 mai, le président équatorien, Guillermo Lasso (droite), s’est rendu à l’Assemblée nationale pour se défendre des accusations de corruption formulées par les députés. Pendant quarante-cinq minutes, le chef de l’Etat a plaidé sa « totale, évidente et incontestable innocence ». Mercredi à l’aube, il annonçait la dissolution du Parlement.

« C’est une décision démocratique parce qu’elle est constitutionnelle et parce qu’elle rend au peuple équatorien le pouvoir de décider de son avenir à l’occasion des prochaines élections », a déclaré M. Lasso, qui s’exprimait à la télévision, entouré de ses principaux ministres.

Adoptée en 2008, la Constitution équatorienne autorise effectivement le chef de l’Etat à dissoudre l’Assemblée en cas de « grave crise politique » et à légiférer par décret jusqu’à la tenue d’élections générales – présidentielle et législatives – dans les six mois qui suivent. Cette configuration est connue sous le nom de « mort croisée » : le président qui écourte le mandat des députés écourte aussi le sien.

La Constitution fixe par ailleurs des limites aux pouvoirs extraordinaires du chef de l’Etat qui, jusqu’aux scrutins, ne peut légiférer que sur des « sujets économiques urgents » et sous le contrôle juridique de la Cour constitutionnelle. Au pouvoir depuis un peu moins de deux ans, Guillermo Lasso est le premier chef d’Etat à dissoudre le Parlement.

« Lâche autocoup d’Etat »

A Quito, des dizaines de militaires et de policiers antiémeutes bloquaient mercredi matin l’accès à l’Assemblée nationale. Le général Nelson Proano, commandant en chef des forces armées, est lui aussi apparu sur la chaîne de télévision nationale pour appeler ses concitoyens « à respecter pleinement la Constitution » et à s’abstenir d’avoir recours « à la violence ». Dans le cas contraire, a averti le général, les forces armées et la police interviendront « avec fermeté ».

Les manifestations qui, au Pérou, ont suivi la destitution, en décembre 2022, du président Pedro Castillo (il avait lui aussi tenté de dissoudre le Parlement, mais cette fois sans respecter les règles constitutionnelles) sont dans toutes les mémoires. Elles ont été très violemment réprimées.

« Faute d’avoir les voix nécessaires pour se sauver d’une destitution imminente, Lasso fait un lâche autocoup d’Etat, avec l’aide de la police et des forces armées », a dénoncé sur son compte Twitter le chef de la Conféderation des nationalités indigènes (CONAIE), Leonidas Iza. Dans la soirée, la puissante organisation indigène se déclarait « en état d’alerte permanent », considérant que la démocratie et les droits du peuple étaient menacés. Ces dernières années, la CONAIE a confirmé qu’elle peut paralyser le pays.

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Source: Le Monde