" En quelques phrases, Trump a ravivé les inquiétudes des alliés occidentaux des Etats-Unis "

May 18, 2023
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Un an et demi a des allures d’éternité lorsqu’il s’agit de la distance qui sépare d’une élection présidentielle américaine. La prestation de Donald Trump sur la chaîne CNN le 11 mai, à l’occasion d’un débat public, un town hall, en présence d’un public républicain acquis à sa cause, mérite pourtant que l’on s’y attarde.

Certes, l’ancien président qui écrase pour l’instant la « campagne invisible » de l’investiture républicaine n’y a rien avancé de foncièrement nouveau. Il a répété les contre-vérités qui lui tiennent lieu de discours, à commencer par la thèse complotiste de l’élection présidentielle « volée » en 2020. Il l’a fait à un rythme soutenu, au point de relativiser l’inquiétude que nourrit, en matière de désinformation, l’extension de l’intelligence artificielle.

Comme de coutume lors de tels débats, la politique étrangère a été réduite à la portion congrue. M. Trump en a pourtant assez dit, en quelques phrases, pour raviver les inquiétudes des alliés des Etats-Unis à peine dissipées par la présidence conventionnelle de Joe Biden. Sa réponse à une question portant sur les livraisons d’armes américaines à l’Ukraine et sur son rapport à Vladimir Poutine n’a pu en effet que les glacer.

La vision du monde de l’ex-président n’a en fait pas changé depuis sa première esquisse de candidature, en 1987, au travers d’une page de publicité dans laquelle il reprochait implicitement à l’icône républicaine d’alors, le président Ronald Reagan, l’absence de « colonne vertébrale ». Comme à cette époque, Donald Trump exprime en 2023 une défiance spontanée vis-à-vis des alliés de Washington qui « profitent de nous », et qui « rient de nous ».

« Je réglerai cette guerre en un jour »

En cause : un soutien jugé déséquilibré à Kiev selon les chiffres erronés qu’il avance, bien loin de ceux compilés notamment par le Kiel Institute. « Nous avons donné jusqu’à présent 171 milliards de dollars [environ 160 milliards d’euros]. Ils ont donné eux, c’est-à-dire l’Union européenne, qui a approximativement la même taille, au total, que notre économie, ils ont donné environ 20 [milliards de dollars]. Il n’est pas nécessaire de connaître l’histoire ou la géographie pour se rendre compte qu’ils sont un peu plus touchés que nous, d’accord ? », a-t-il affirmé.

Un peu plus tard, interrogé à trois reprises pour savoir s’il souhaite la victoire de l’Ukraine, l’ex-président a éludé, avant d’assurer qu’il veut « que tout le monde arrête de mourir. Ils meurent, les Russes et les Ukrainiens ». D’autant que « le nombre de personnes tuées dans cette guerre est bien plus important que ce que vous entendez », a-t-il asséné.

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Source: Le Monde