Cannes 2023 : " Le Règne animal ", en tout homme sommeille une bête

May 18, 2023
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Paul Kircher, Adèle Exarchopoulos et Romain Duris, pour « Le Règne animal », de Thomas Cailley, au Festival de Cannes (Alpes-Maritimes), le 17 mai 2023. CHLOE SHARROCK/MYOP POUR « LE MONDE »

UN CERTAIN REGARD

Nous avions laissé Romain Duris en fougueux Aramis dans Les Trois Mousquetaires. D’Artagnan, de Martin Boutboulon, nous le retrouvons en homme très ordinaire de notre époque dans Le Règne animal, deuxième long-métrage (après Les Combattants, en 2014) de Thomas Cailley, présenté, mercredi 17 mai, en ouverture d’Un certain regard. Film qui change de ton aussi vite que de plan, mêle nombre de genres, hésite entre tous, au point de donner parfois le sentiment d’abandonner l’histoire à son propre sort. Effet que peine à corriger le scénario dont la solidité fait défaut.

Le Règne animal, après avoir jeté dans sa marmite un peu de fantastique, un soupçon de fable, une pincée d’enquête policière, quelques personnages secondaires de peu d’envergure, une note de gravité et une autre de comédie, devient pur divertissement. L’affaire serait loin d’être ennuyeuse si le film ne prétendait pas, au passage, nous livrer un discours appuyé sur les maux et travers de l’époque, en même temps que sur l’avenir en péril de l’humanité. De tout cela, on garde surtout en mémoire la belle performance du jeune comédien Paul Kircher.

Quand le film commence, François (Romain Duris) et son fils Emile (Paul Kircher, révélé dans Le Lycéen, de Christophe Honoré, en 2022), âgé de 16 ans, sont en voiture, coincés dans les embouteillages, à Paris. Devant eux, une ambulance tangue, secouée par de violents soubresauts. Surgit alors de l’habitacle, faisant voler la portière, une créature mi-homme mi-rapace, aux longues ailes déployées, qui crée la panique et sème le chaos dans les files d’automobilistes. Assez vite, cependant, tout rentre dans l’ordre. On comprend alors que cette étrangeté ne relève pas de l’inédit. Le phénomène s’est déjà produit.

Vague de mutations

La séquence suivante le confirme qui nous montre François et Emile dans le bureau d’un médecin à l’hôpital. Ils y apprennent que l’état de santé de Lana (femme de l’un et mère de l’autre) présente une nette amélioration. Son transfert dans un centre d’accompagnement dans le sud de la France est imminent. Le père et le fils s’organisent pour la suivre, trouver un logement, un travail et un lycée à proximité.

La maladie dont souffre Lana opère chez l’être humain un changement radical, le transformant progressivement en animal. Le mal est en train de virer à l’épidémie, touchant de plus en plus de personnes. Si bien que, dans le Sud, quand des malades s’échappent du convoi qui les transporte, à la suite d’un accident de la route, la situation devient hors de contrôle. Les militaires sont appelés à la rescousse pour aider la gendarmerie. Dans le centre de vacances où se sont installés François et Emile, la peur s’installe, réveillant des instincts qui n’ont rien à envier au monde animal contre lesquels ils s’élèvent.

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Source: Le Monde