Au Nigeria, des affrontements font au moins 85 morts, selon les autorités locales

May 18, 2023
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Les tensions sécuritaires ne reculent pas au Nigeria. Au total, « 85 corps ont été retrouvés » après des affrontements communautaires, a déclaré le représentant de deux villages du district de Mangu, Joseph Gwankat, à l’Agence France-Presse (AFP), jeudi 18 mai, qui fait également état de « 57 blessés (…) hospitalisés ». Ce bilan − anciennement chiffré à 30 morts − a été confirmé à l’AFP par le représentant du district de Mangu.

Il s’agit « d’attaques [de] représailles » entre fermiers et éleveurs à la suite « du meurtre d’un agriculteur il y a deux semaines sur son champ » puis « celui d’un éleveur par les proches de l’agriculteur », a déclaré Juni Bala, une responsable du service national des urgences de l’Etat de Plateau − qui comprend le district de Mangu − à l’AFP. La police locale a affirmé jeudi matin avoir arrêté cinq personnes en lien avec ces violences, précisant que les forces de sécurité avaient été déployées et que « le calme était revenu », a rapporté l’AFP.

Des milliers de personnes cherchent un refuge

« Des milliers de personnes, femmes et enfants, sont actuellement sur les routes à la recherche d’un endroit sûr où se réfugier », a précisé Mme Bala à l’AFP, « des maisons étaient encore en train de brûler mercredi à notre passage » et des populations en détresse, « en manque d’abris, de nourriture, de lits, etc. ».

Dans la région, l’enchaînement de meurtres suivis d’actes de représailles a donné naissance à une criminalité plus large avec des gangs qui mènent des expéditions ciblées dans des villages, se livrent à des enlèvements de masse et à des pillages.

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« Ces attaques déplorables ont eu lieu à un moment où les communautés agricoles de Mangu étaient en train de cultiver leurs terres et témoignent d’un mépris total pour la vie humaine », a tweeté Amnesty International Nigeria, mercredi 17 mai. L’organisation non gouvernementale a également condamné ces violences.

En avril, près de 50 personnes avaient été tuées lorsque des hommes armés ont attaqué un village de l’est du pays. Les autorités locales ont imputé ces violences à des éleveurs.

Un contexte sécuritaire difficile pour le nouveau président élu

Depuis des années, une âpre compétition pour les ressources naturelles oppose éleveurs transhumants et agriculteurs sédentaires dans le centre et le nord-ouest du Nigeria, les seconds accusant les premiers de saccager leurs terres avec leur bétail.

Aggravées par le changement climatique et l’explosion démographique dans ce pays de 215 millions d’habitants, les violences sporadiques ont débouché sur une grave crise sécuritaire (attaques de bandits lourdement armés et représailles sans fin entre communautés) et humanitaire.

Le nouveau président du Nigeria, Bola Tinubu, qui prendra à la fin du mois la tête du pays le plus peuplé d’Afrique et qui est la première économie du continent, est confronté à de multiples défis en matière de sécurité. L’armée lutte contre une insurrection djihadiste vieille de quatorze ans dans le Nord-Est, contre des groupes séparatistes dans le Sud-Est, contre la piraterie dans le golfe de Guinée et contre les enlèvements perpétrés par des criminels armés dans tout le pays. Les forces de sécurité sont elles-mêmes régulièrement accusées de graves violations des droits humains.

Le Monde avec AFP

Source: Le Monde