A Mayotte, après l’autorisation de la reprise de l’opération " Wuambushu ", l’Etat veut toujours détruire mille logements insalubres

May 19, 2023
443 views

Après l’autorisation de la reprise de l’opération « Wuambushu » à Mayotte par la justice mercredi, l’Etat prévoit toujours de détruire « mille cases identifiées » comme étant des logements insalubres, dans les prochains mois, a fait savoir vendredi 19 mai le préfet du département, Thierry Suquet, lors d’une visite organisée tôt le matin dans le quartier de Cavani, à Mamoudzou, ouverte à la presse.

Selon le préfet, sur ces mille logements identifiés pour être démolis à Mayotte, « 300 ont déjà fait l’objet d’enquêtes sociales ». La démolition du bidonville de Cavani devrait, elle, intervenir « dans deux à quatre mois », a-t-il déclaré.

Opération communication pour la préfecture de Mayotte ce matin qui a convié la presse afin d’assister au marquage d… https://t.co/kKI5gW1Hzn — CyrilCastelliti (@Cyril Castelliti)

Les autorités françaises ont déployé depuis avril des forces de l’ordre en nombre à Mayotte pour préparer une série d’interventions de police regroupées sous le nom de « Wuambushu » (« reprise » en mahorais). Elle vise à déloger les habitants en situation irrégulière, pour la plupart venus des Comores voisines, des bidonvilles insalubres du département le plus pauvre de France.

« Le principe de démolition n’est jamais remis en question »

Vendredi, M. Suquet a réaffirmé sa ferme volonté de « lutter contre l’habitat insalubre ». « Les gens vivent dans des conditions insupportables, ils mettent leur vie en danger », a-t-il insisté. Une quinzaine d’agents de l’agence régionale de santé, de la préfecture et de travailleurs sociaux étaient présents à ses côtés pour identifier les cases en tôle à démolir prochainement dans le quartier de Cavani.

« Nous en avions recensé 90 par vue aérienne mais nous en avons déjà dénombré 10 de plus », a souligné Psylvia Dewas, en charge de la résorption de l’habitat insalubre à la préfecture. « Les travailleurs sociaux reviendront ensuite pour réaliser des enquêtes sociales dans le but de proposer des solutions de relogement aux familles », a-t-elle assuré.

Les personnes en situation régulière se verront proposer « une solution de relogement au fur et à mesure » mais, a prévenu M. Suquet, « le principe de démolition n’est jamais remis en question, même si les familles refusent les propositions ».

« Nous ne savions pas qu’ils allaient détruire nos maisons », a lancé une habitante du quartier, Nadjim Rouzounati, mère de trois enfants, devant la case « 62 » de son voisin, qui venait d’être marquée à la bombe. Cette femme en situation régulière, qui habite le quartier depuis près de trente ans, a lancé : « Et maintenant, on va aller où ? », s’inquiétant de ne pas avoir encore reçu de proposition de relogement.

La reprise de l’opération attendue la semaine prochaine

Mercredi, la chambre d’appel de Mayotte a donné raison à l’Etat dans sa volonté de démolir l’habitat insalubre de Talus 2, un quartier informel de la commune de Koungou (Nord-Est) où vivent une centaine de familles, qui avait été stoppée par deux décisions de justice fin avril.

L’opération devrait intervenir très vraisemblablement dans la semaine du lundi 22 mai à la suite du week-end prolongé. Elle est dénoncée comme « brutale », « antipauvres » et comme une violation des droits de l’homme par nombre d’associations, mais soutenue par les élus et de nombreux habitants de l’île.

L’arrêt de la chambre d’appel est par ailleurs intervenu au lendemain de la reprise de la liaison maritime entre Mayotte et les Comores, pour l’expulsion de personnes en situation irrégulières, après plus de trois semaines de suspension.

Le Monde avec AFP

Source: Le Monde