"C'est la plus grosse affaire de santé publique en France" : plusieurs centaines de victimes de l'amiante espèrent qu'un procès soit enfin organisé
Le tribunal correctionnel de Paris doit trancher vendredi 19 mai sur la tenue ou non d'un procès pénal autour du scandale sanitaire de l'amiante.
Bientôt un procès ? Le tribunal correctionnel de Paris doit dire ce vendredi 19 mai s'il valide une procédure lancée par près de 2 000 victimes de l'amiante pour faire juger 14 personnes. Des anciens représentants de ministères, des dirigeants d'entreprises ou des médecins qui auraient, selon les plaignants, retardé volontairement l'interdiction de l'amiante, une fibre cancérigène qui pourrait être responsable de 70 000 à 100 000 décès d'ici 2050, selon le Haut Conseil de la Santé publique.
Pour certains, le combat a commencé il y a presque 30 ans. Des salariés tombés malades, d'autres décédés après avoir été exposés sur leur lieu de travail à cette fibre reconnue cancérigène dès 1977 mais interdite en France seulement 20 ans plus tard. Dès la fin des années 90, les procédures judiciaires se multiplient mais, dans l'immense majorité des cas, la justice clôt les enquêtes sans poursuites, faute de pouvoir prouver le lien entre la maladie des salariés et la responsabilité des entreprises.
Mettre fin à l'impunité
Le comité Anti-Amiante Jussieu, une association qui regroupe les victimes de l’université de Jussieu à Paris, souhaite un procès pour mettre fin à l'impunité des responsables. "Ce qui se joue, ce sont les responsabilités, et les victimes veulent qu'on établisse la vérité pour que cela ne se reproduise pas", a expliqué à franceinfo son président, Michel Parigot.
Pour l'heure, plusieurs familles ont déjà été indemnisées en tant que victimes, sans que la justice pénale ne parvienne jusqu'ici à désigner de coupables. "L'affaire de l'amiante est la plus grosse affaire de santé publique en France, rappelle Michel Parigot. Selon les dernières données de l'Inserm, il y aurait entre 140 000 et 180 000 décès (liés à l'amiante). On est à plus de 3 000 décès par an."
Source: franceinfo