Cannes 2023 : " Indiana Jones et le cadran de la destinée ", Harrison Ford à la recherche du temps perdu
Indiana Jones (Harrison Ford) et Teddy (Ethann Isidore) dans « Indiana Jones et le cadran de la destinée », de James Mangold. THE WALT DISNEY COMPANY FRANCE
SÉLECTION OFFICIELLE. HORS COMPÉTITION
Longue ovation et ondes de chaleur humaine pour l’octogénaire Harrison Ford qui a reçu une Palme d’honneur, au Grand Théâtre Lumière, plein comme un œuf jeudi 19 mai à 19 heures. Le récipiendaire, comme la plupart de ceux soumis à cette épreuve, n’y a pas résisté. On était bien sûr à la première mondiale d’Indiana Jones et le cadran de la destinée, qui sortira le 28 juin en France. Cinquième élément d’une saga inaugurée en 1981, c’est aussi le premier à n’être ni réalisé par Steven Spielberg, ni coécrit par George Lucas. Les deux vieux camarades d’un nouvel Hollywood tirant vers la préhistoire s’y seront jusque-là amusés à grands frais, entre deux Star Wars et un E.T.
Le retrait de Steven Spielberg de la réalisation, la mise hors jeu de George Lucas depuis le rachat de Lucas Films par Disney, et l’âge canonique d’Harrison Ford nous préparaient à accueillir ce qui sera sans nul doute l’ultime salve de la saga. Avec elle, une page se tourne définitivement sur ce qu’incarnait l’aventureuse légende : d’une part, l’esprit d’enfance et d’aventure, d’autre part, un imaginaire feuilletonesque de l’histoire du XXe siècle.
Cet ultime rejeton né de la légende du siècle passé parachève la mutation qui a vu Disney mettre le grappin sur l’Arche perdue de Hollywood, lancer la monoculture adolescente des films de super-héros, et contribuer ainsi à appauvrir le cinéma d’auteur américain comme aucun mogul de l’âge d’or n’en avait rêvé.
Mangold s’en sort avec les honneurs
On a donc demandé à James Mangold – spécialiste du chant du cygne des grands mythes américains (le western avec 3 h 10 pour Yuma (2007), le film de super-héros avec Logan (2017), le film de Formule 1 avec Le Mans 66 (2019) – de clouer le plus proprement possible les quatre planches d’Indiana Jones, héros à l’évidence trop humain pour l’ère super-héroïque. A trois cents millions de dollars (contre dix-huit pour le premier épisode), Mangold aurait pu se permettre de rater l’enterrement, mais il s’en sort avec les honneurs.
Petit rappel ici pour la route et les nouveaux venus. Indiana Jones, dont l’idée originale sort tout armée du cerveau de George Lucas avant même qu’il ne se lance dans sa guerre des étoiles, est un professeur d’archéologie dont le goût de l’aventure le porte à collectionner les artefacts et autres reliques magiques des civilisations lointaines, ceci sur fond des grandes guerres qui jalonnent la première partie du XXe siècle. Le personnage se trouve avoir les traits d’Harrison Ford, jeune acteur alors récemment propulsé dans la stratosphère par son rôle de Han Solo dans le premier Star Wars (1977). C’est le succès inattendu de ce space opera qui incite Lucas, sur ce coup associé à son ami Steven Spielberg, d’aller plus avant avec son Indiana Jones, comme l’autre fortement inspiré des feuilletons télé de son enfance.
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Source: Le Monde