Alibaba : " Le géant chinois n’en finit pas de boire le calice depuis que l’empereur Xi a condamné la société à se suicider "

May 19, 2023
464 views

Les bureau d’Alibaba à Pékin (Chine), le 10 août 2021. MARK SCHIEFELBEIN / AP

Depuis sa disgrâce en novembre 2020, on guette ses apparitions comme celle d’une comète dans le ciel. Le 27 mars, Jack Ma est revenu dans sa ville natale de Hangzhou, pour une brève visite dans l’entreprise qu’il a fondée en 1999, Alibaba. Puis il est reparti vers les confins de l’univers. Le lendemain de son passage, l’entreprise annonçait son projet de s’éclater en au moins six entités distinctes et cotées en Bourse.

Jeudi 18 mai, le géant a donné le coup d’envoi officiel de son démantèlement. La société mère gardera les très profitables plates-formes de commerce électronique en Chine. La filiale informatique de cloud computing, en petite forme, sera vendue à ses propres actionnaires. Les autres « baby baba », comme les services de livraison, la chaîne d’épiceries, la logistique et les médias, seront progressivement cotés en Bourse et Alibaba examinera au cas par cas son retrait complet de ces activités. En parallèle, les activités internationales seront restructurées ou cédées.

Trop arrogante, trop puissante

Le géant chinois, qui fut un temps la plus grande entreprise du pays et qui vaut encore plus de 200 milliards d’euros en Bourse, n’en finit pas de boire le calice depuis que l’empereur Xi, tel ses prédécesseurs romains, a condamné la société à se suicider. Trop arrogante, trop puissante, elle est mise au pas comme d’autres géants de la tech, à l’instar de Tencent, mais avec un traitement spécial eu égard à la notoriété internationale de Jack Ma. Elle a déjà écopé de 2,6 milliards d’euros d’amende pour pratique monopolistique.

Derrière cette dramaturgie se cache une raison moins politique. Alibaba ne retrouve plus la croissance. Au premier trimestre de l’année, son chiffre d’affaires n’a progressé que de 2 % et ses plates-formes vedettes, Taobao et Tmall, ont enregistré un déclin de 3 %. La reprise de la consommation, que l’on attendait très forte après la fin des confinements sanitaires, ne s’est pas produite. Ou du moins pas dans les achats en ligne.

Les Chinois, tout juste sortis de leur réclusion, ont préféré aller au restaurant et au cinéma plutôt que de rester derrière leur ordinateur. Ce qui, en soi, est une bonne nouvelle. Celle-ci se double d’une autre, le niveau de concurrence dans le commerce en ligne est tel en Chine qu’Alibaba est poussé à perdre du poids pour retrouver son dynamisme face à une concurrence acharnée. Changement d’époque.

Source: Le Monde