Stellantis menace de délocaliser ses usines britanniques
Depuis le referendum sur la sortie de l’Union européenne en 2016 (Brexit), l’industrie automobile britannique a été grandement fragilisée. La production automobile, qui s’élevait à 1,7 million d’unités annuelles à cette époque, s’est depuis effondrée. Aujourd’hui, 750 000 véhicules sortent chaque année des chaînes du pays. Certes la crise sanitaire puis la pénurie des semi-conducteurs est passée par là.
Mais il y a eu des départs aussi, comme celui de Honda, qui possédait à Swindon une usine depuis 1985. Une arrivée favorisée à l’époque par Margaret Thatcher qui avait initié l’ouverture du marché aux constructeurs japonais (Nissan avait ouvert la marche à Sunderland en 1984, Toyota suivra à Burnaston en 1989). Un départ sans rapport avec le Brexit, dit-on du côté de chez Honda. Mais qui avait été pris à la faveur de l’accord de libre-échange entre l’UE et le Japon, ratifié en 2018. Il vise à réduire progressivement les taxes d’importation des voitures japonaises, fixées à l’époque à 10%. Nissan et Toyota n’avaient pas annoncé de départ similaire.
Des règles plus sévères en 2024
Désormais, le coup de grâce pourrait être porté par le durcissement des Règles d’Origine, prévu en 2024. Celles-ci ratifiées en 2020 entre le Royaume-Uni et l’UE, sont en vigueur depuis le 1er janvier 2021. Elles encadrent notamment les importations et exportations de biens entre les deux régions. Jusqu’à présent, le pays s’en sortait plutôt bien, mais les règles vont changer. L’année prochaine, la Commission imposera en effet qu’au moins 45% de la valeur des pièces d’un véhicule provienne de l’Union européenne ou du Royaume-Uni pour pouvoir être exemptée de taxes et de quotas de douane. Plus facile à dire qu’à faire, dans un contexte d’explosion du prix des matières premières, et d’inflation généralisée. Certains constructeurs, et c’est le cas de Stellantis, grincent des dents face à cette mesure…
Stellantis cherche un compromis
Le groupe possède deux usines dans le pays. Ellesmere Port, qui doit produire prochainement les petits combis électriques du groupe. Combo-e, e-Partner, e-Berlingo. Mais aussi Luton qui produit des utilitaires du segment supérieur. Vivaro, Scudo, Jumpy/Dispatch et Expert. Le groupe pensait initialement pouvoir tenir ses engagements, et atteindre le seuil des 45%. Mais « les prix des matières premières qui ne sont pas originaires (de l’UE ou du Royaume-Uni) augmentent considérablement, de sorte que nous sommes désormais incapables de respecter ces règles d’origine » a fait savoir le groupe. Il demande à l’Union européenne un report de cette règle à 2027, délai nécessaire pour réorganiser ses activités et, qui sait, espérer une embellie de la situation économique. Quid de Jaguar Land Rover, BMW, Nissan et Toyota qui produisent aussi localement ? La situation est pour l’heure plus qu’incertaine.
Source: Auto Plus