Au sommet de la Ligue arabe, Bachar Al-Assad éclipsé par Volodymyr Zelensky

May 20, 2023
301 views

Sur cette photo publiée par l’agence de presse officielle saoudienne SPA, le prince héritier saoudien Mohammed Ben Salman rencontre le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, à l’occasion du sommet de la Ligue arabe, à Djedda (Arabie saoudite), le 19 mai 2023. AP

Il avait été prévu que le retour de Bachar Al-Assad au sein de la Ligue arabe domine l’agenda du sommet de Djedda, vendredi 19 mai. Du reste, douze ans après en avoir été exclu pour sa répression sanglante du soulèvement syrien, le président Assad, tout sourire, a bien été accueilli chaleureusement par le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed Ben Salman (MBS). Mais sa présence a été vite éclipsée par un invité surprise. En route vers le G7 au Japon, à bord d’un avion affrété par la France, Volodymyr Zelensky est venu courtiser les dirigeants arabes dans l’espoir qu’ils prêtent enfin une oreille attentive aux appels de Kiev contre l’invasion russe.

« Malheureusement, certains pays dans le monde et ici, parmi vous, ferment les yeux sur ces prisons et annexions illégales », a déploré le président ukrainien, invitant les dirigeants de la région à « jeter un regard honnête » sur la guerre menée par Moscou dans son pays. Dans le parterre de dirigeants arabes, le président Zelensky s’est vu opposer des mines plutôt circonspectes. Certains, comme les Algériens, les Emiriens et surtout les Syriens, entretiennent une relation étroite avec la Russie. Les partisans d’une neutralité pragmatique dans le conflit qui oppose l’Ukraine à la Russie, un partenaire stratégique au Moyen-Orient, n’ont, eux, eu d’autre choix que de jouer le jeu dans ce nouveau « coup » diplomatique de « MBS ».

Les ambitions du fougueux monarque dépassent le projet de recomposition régionale auquel il s’emploie depuis qu’il a renoué avec l’Iran, en mars. « MBS » s’est dit « prêt à mener des efforts de médiation » entre Kiev et Moscou. En équilibriste, il a soutenu les résolutions onusiennes condamnant l’invasion russe et l’annexion de territoires ukrainiens, mais il a résisté aux pressions américaines pour augmenter la production d’or noir afin de rogner les revenus de la Russie. En septembre 2022, Riyad a facilité un échange d’une dizaine de prisonniers entre Moscou et Kiev. En février, son ministre des affaires étrangères, le prince Fayçal Ben Farhan, a promis, depuis Kiev, 400 millions de dollars d’aide pour l’Ukraine.

« Présence emblématique »

« La présence du président Zelensky au même sommet que Bachar Al-Assad est emblématique du changement régional. Avec le vide laissé par le retrait américain, qui a permis aux Russes de prendre pied en Syrie, les acteurs régionaux pensent d’abord en fonction de leurs intérêts propres plutôt que comme membres d’un axe. Ils essaient de trouver un nouveau modus vivendi convenable pour tous », observe l’analyste saoudien Mohammed Alyahya, rattaché à la Harvard Kennedy School.

Il vous reste 63.81% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Source: Le Monde