La Rochelle-Leinster : Ronan O’Gara et les Rochelais, des conquérants en terres irlandaises

May 20, 2023
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L’entraîneur de La Rochelle, l’Irlandais Ronan O’Gara, et ses joueurs avant un match de Top 14 à domicile contre Lyon, le 4 février 2023. XAVIER LEOTY / AFP

Ils ont vu une marée jaune et noir déferler sur la côte atlantique, descendue de La Rochelle pour inonder le stade Matmut Atlantique, à Bordeaux. En demi-finale de la Coupe des champions, les rugbymen de La Rochelle avaient été soutenus par 40 000 fans incandescents face aux Anglais d’Exeter (47-28). Une nouvelle marée les attend, samedi 20 mai, mais celle-là sera bleue. Pour la deuxième année d’affilée, La Rochelle affronte les Irlandais du Leinster en finale de la Coupe d’Europe – qui intègre, depuis cette année, certaines franchises sud-africaines. Cependant, si, en 2022, les partenaires de Grégory Alldritt ont remporté le titre « à domicile » dans un stade Vélodrome de Marseille devenu pour l’occasion une annexe rochelaise, samedi, c’est en terre irlandaise qu’ils devront vaincre.

« Le plan est fait, tout est organisé. Il reste juste à savoir si on est capables de le mettre en place dans un stade qui sera l’inverse de [celui de Bordeaux] », soit « un milieu hostile », a déclaré, lundi, l’entraîneur des Maritimes, Ronan O’Gara. Si quelques supporteurs rochelais devraient faire le déplacement à Dublin, les 51 000 places des tribunes de l’Aviva Stadium gronderont des cris de la « Blue Army » des Leinstermen, hôtes des lieux pendant la saison.

A l’image du XV du Trèfle, qui lui emprunte son ossature, l’équipe fanion de la province du Leinster s’est développée depuis plusieurs saisons en une redoutable machine à broyer. Concassés en demi-finale (22-41), les Toulousains peuvent en témoigner. Cette saison, les coéquipiers du troisième ligne Josh van der Flier – nommé meilleur joueur du monde en 2022 – n’ont perdu qu’à deux reprises en vingt-sept sorties (et ont fait match nul une fois). Et, à l’instar de l’équipe d’Irlande, qui a signé le grand chelem lors du Tournoi des six nations, le Leinster aspire à un sacre à domicile. « Il nous faudra relever l’impossible, mais on adore ça », résumait le capitaine rochelais, Grégory Alldritt, après la demi-finale.

« Je ne suis pas trop intéressé par l’adversaire »

« Les vertus, les valeurs et la qualité que le Leinster a mises dans son rugby ne changent pas. C’est l’une des meilleures équipes d’Europe, si ce n’est la meilleure, a insisté l’entraîneur toulousain, Ugo Mola, au sortir de la défaite de ses troupes sur la pelouse irlandaise. Le problème, c’est que sur leur route ils vont rencontrer un Munsterman et, l’an dernier, ça leur a coûté cher. »

Cet homme du Munster – la province du sud de l’Irlande –, qui a passé sa carrière de joueur à cultiver la rivalité avec les Dublinois, c’est Ronan O’Gara. Entré l’an passé dans le cercle très fermé des hommes ayant remporté la Champions Cup sur le terrain (2006 et 2008) et sur le banc – seuls son compatriote du Leinster, Leo Cullen, et Ugo Mola l’ont précédé –, le toujours meilleur buteur de l’histoire de la compétition continentale semble n’avoir jamais perdu la clé pour faire déjouer son ancien adversaire favori.

Aucune équipe en Europe n’a vaincu deux fois de suite la province irlandaise, à l’exception de La Rochelle. En demi-finale de la compétition il y a deux ans, et l’an passé en finale, quand les hommes de « ROG » ont supplanté sur le fil le Leinster (24-21). L’entraîneur, qui a fait ses classes au Racing 92 après sa carrière – chargé de la défense – avant de s’aguerrir en Nouvelle-Zélande (aux Crusaders, lors de la saison 2018-2019), refuse cependant de faire de cette finale une affaire personnelle. « Je ne suis pas trop intéressé par l’adversaire, même si je le respecte, a-t-il insisté avant la rencontre. Je suis concentré sur mon équipe, sur notre chemin et ce que l’on va faire samedi. »

Invaincus en Europe depuis presque deux ans

Ronan O’Gara a balayé l’idée de vouloir « conserver le titre » acquis l’an passé, pour mettre en avant l’impératif de conquête d’un nouveau trophée, les compteurs étant remis à zéro en début de saison. Le technicien irlandais, qui accompagne depuis son arrivée dans la cité atlantique la croissance rapide de La Rochelle – encore en deuxième division il y a moins de dix ans – croit toutefois en ses troupes. « On parle tout le temps d’étouffer ou d’arrêter le Leinster, mais arrêter La Rochelle, c’est un sujet aussi ! », lance-t-il.

Invaincus en Europe depuis « presque deux ans » (et leur défaite en finale face au Stade toulousain), ses hommes voguent sûrs de leurs forces vers « la fosse aux lions » dublinoise, comme l’a tourné Ronan O’Gara, avec pour capitaine le troisième ligne international Grégory Alldritt, dont la transformation a porté les Maritimes un cran au-dessus. « Greg comprend maintenant l’importance de bien se préparer, alors qu’avant il pensait qu’il était indestructible, explique le manager irlandais. Grâce à lui, la mentalité du club a changé. Il n’est pas intéressé par le fait de jouer mais de gagner. »

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Le week-end précédent la finale, le Leinster recevait son plus grand rival irlandais en demi-finale de l’United Rugby Championship – la compétition ayant succédé à la Ligue celtique, et qui réunit les provinces galloises, irlandaises, italiennes, écossaises et sud-africaines. Et le Munster s’est imposé par la plus petite des marges (16-15) sur la pelouse de l’Aviva Stadium. De quoi piquer au vif les coéquipiers de l’ouvreur Ross Byrne, remontés avant de disputer la finale européenne sur leur pelouse. « La vexation du Leinster, ce n’est pas notre problème, a évacué l’ouvreur Antoine Hastoy, arrivé au club rochelais cet été. C’est leur levier de motivation. » Les Rochelais et le Munsterman qui les dirige savent que l’équipe irlandaise peut être battue dans son antre, et que leur deuxième étoile est à ce prix.

Source: Le Monde