Retour de Bachar Al-Assad dans la Ligue arabe : " Un jour de tristesse et de colère " pour les acteurs de la révolution syrienne de 2011

May 20, 2023
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Des manifestants réunis dans la ville d’Idlib (Syrie), tenue par les rebelles, dénoncent l’initiative de la Ligue arabe d’inviter Bachar Al-Assad à participer à son sommet, le 19 mai 2023. OMAR HAJ KADOUR / AFP

En douze ans de conflit, les jeunes Syriens qui s’étaient révoltés contre le régime de Bachar Al-Assad ont, à de multiples reprises, mesuré le cynisme de la géopolitique. La participation triomphante du président syrien au sommet de la Ligue arabe, à Djedda, vendredi 19 mai, sans avoir offert la moindre concession politique en contrepartie de cette réintégration, est vécue comme une trahison de plus. « C’est comme si les souffrances du peuple syrien n’avaient pas existé », résume avec amertume Noureddine Mokhiber.

Le parcours de ce jeune homme est emblématique de la destinée tragique de toute une génération : il témoigna depuis le terrain, sous le pseudonyme de Dani Qappani, du siège infligé à sa ville, Mouadamiyat Al-Cham, par l’armée syrienne, à partir de la fin 2012. Il fut contraint de quitter cette banlieue de Damas lors de la reddition des rebelles, en 2016, gagna la province insurgée d’Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie, avant de rejoindre la Turquie. Il est désormais exilé en France.

« C’est un jour de tristesse, de colère et de frustration, renchérit Noura Ghazi, avocate engagée dans la cause des disparus et des détenus dans les prisons syriennes. On sent que l’on a vraiment tout perdu après douze ans de crimes commis par le régime. » Elle aussi est exilée en France, l’un des pays qui, avec l’Allemagne, les Pays-Bas ou la Suède, ont accueilli des militants anti-Assad de la première heure. « La Ligue arabe ne fera jamais pression pour faire avancer le dossier des disparus en prison car ses Etats membres ont leurs propres détenus politiques », note-t-elle.

« Climat hostile »

Ammar Ziadeh, rédacteur en chef d’Enab Baladi, un journal né en 2012 à Daraya, en banlieue de Damas, qui est devenu depuis une publication en ligne reconnue, n’est, pour sa part, pas surpris par le tapis rouge qui a été déroulé à Djedda, sous les pas du bourreau de la révolution syrienne. « On n’a jamais rien attendu de la Ligue arabe », raille-t-il en riant, depuis Istanbul.

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Mais il s’inquiète de l’impact de la normalisation du régime Assad sur les pays voisins de la Syrie, où de nombreux opposants ont trouvé refuge. Des communautés dont la taille se réduit inexorablement, au fil des ans et des tracas politiques et sécuritaires subis. Au Liban, des activistes syriens se sont vu refuser le renouvellement de leurs papiers et ont dû partir. L’un d’eux, contacté par Le Monde à Beyrouth, a préféré ne pas s’exprimer sur le sommet de la Ligue arabe, « en raison du climat hostile aux Syriens ».

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Source: Le Monde