L’écrivain britannique Martin Amis est mort

May 20, 2023
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Martin Amis avec les écrivains Scott Mebus et Kathy DeMarco, le 31 mai 2003 à Los Angeles (Californie). AMANDA EDWARDS / GETTY IMAGES VIA AFP

Martin Amis, dont les romans caustiques, érudits et sombrement comiques ont redéfini la fiction britannique dans les années 1980 et 1990 grâce à leur évaluation acerbe de la culture des tabloïds et de l’excès de consommation, est mort, vendredi 19 mai, à son domicile de Lake Worth, en Floride, à l’âge de 73 ans. Selon les déclarations de son épouse, l’écrivaine et journaliste américaine Isabel Fonseca, au New York Times, il a succombé à un cancer de l’œsophage.

Son décès est survenu le jour de la présentation à Cannes d’un film inspiré de son livre « La Zone d’intérêt » (2014), qui porte le même titre et a été réalisé par Jonathan Glazer. Né en 1949 au pays de Galles, Martin Amis a redéfini la littérature britannique des années 80 et 90 avec des romans au style sombre et mordant.

Considéré comme « l’enfant terrible des lettres anglaises », il est l’auteur de quinze romans, de mémoires très appréciés (Experience, en 2000), d’essais et de recueils de nouvelles. C’est avec sa trilogie dite de Londres – Money, Money (1985), London Fields (1990) et L’Information (1995) qu’il a obtenu la consécration.

Certains le disaient « né avec un stylo en argent dans la bouche », car il est le fils de Sir Kingsley Amis (1922-1995), écrivain britannique réputé, anobli par la reine en 1990 pour « services rendus à la littérature », qui fut marié à Jane Howard, une romancière réputée, et la famille fréquentait des auteurs comme Philip Larkin ou Robert Graves.

styliste hors pair

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Cette illustre ascendance l’a incité à se lancer très jeune et sans inhibition dans l’écriture. C’est à 21 ans qu’il s’attelle à son premier roman, Le Dossier Rachel, qui sera publié en 1973. Son père l’encourage, mais lui dit vite qu’il ne peut pas le lire. « Ce que j’écrivais ne l’intéressait pas. Au fond, il n’aimait pas la littérature moderne et préférait la poésie au roman. » Dans son très beau récit de mémoires, Expérience (Gallimard, 2003), Amis parle beaucoup de son père, de sa mort, « à laquelle on se croit préparé et c’est faux », et du jeune homme insolent qu’il était, pensant que, si son père n’aimait ni Joyce ni Nabokov, il ne pouvait pas être un bon écrivain.

« Pour mes premiers livres, j’ai été encouragé. Cela s’est gâté quand on a vu que je persistais, que je n’avais pas fait ça pour me mesurer à mon père, mais que c’était ma vie. Alors, ça a commencé, comme si j’étais favorisé par ma naissance. Cela vaut peut-être pour le prince Charles, mais pas pour un écrivain. Soit vous savez faire, soit vous ne savez pas. Cela a peu à voir avec le père », disait-il au Monde, en 2015, à la sortie de La Zone d’intérêt, une satire ayant Auschwitz pour cadre. Le roman raconte l’histoire d’un officier nazi épris de la femme du commandant du camp d’extermination. La « zone d’intérêt » était l’appellation utilisée par les nazis pour décrire la zone de 40 kilomètres carrés entourant le camp de concentration d’Auschwitz.

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Très vite, Martin Amis, que le Times a classé en 2008 comme l’un des meilleurs écrivains britanniques depuis 1945, s’est imposé comme un styliste hors pair, avec une œuvre de critique sociale très radicale. Moquant la libération sexuelle dans Poupées crevées, en 1975. Montrant le frénétique désir d’argent dans Money, Money, en 1984. Radiographiant le milieu littéraire à travers l’affrontement de deux écrivains dans L’Information, en 1995. S’interrogeant sur le nazisme dans La Flèche du temps, en 1991, puis sur le stalinisme dans Koba la terreur, en 2009, et sur l’islamo-fascisme dans Le Deuxième Avion, en 2010.

Il a été retenu deux fois dans la sélection du Booker Prize, la première en 1991 pour « La flèche du temps » et la seconde en 2003 pour « Chien Jaune ».

Le Monde

Source: Le Monde